Quelques centaines de partisans de l'opposant malien Soumaïla Cissé ont manifesté samedi à Bamako pour protester contre la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta, qu'ils jugent "illégale", deux jours après l'annonce des résultats officiels encore provisoires.
Répondant à l'appel du chef de file de l'opposition, qui selon les autorités n'a remporté qu'un tiers des voix au second tour du 12 août, les manifestants se sont rassemblés en début de matinée face à la mairie de la capitale malienne, protégée par plusieurs dizaines de policiers en tenue anti-émeute, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Sur les marches de la Chambre de commerce, un bâtiment de style colonial, ils jouaient de la vuvuzela et arboraient les affiches de campagne de leur candidat, sans signe apparent de tension avec les forces de l'ordre.
"Le pouvoir est illégal. Cette fois-ci c'est notre tour, nous avons gagné, nous continuerons nos marches jusqu'à la démission du gouvernement", a expliqué à l'AFP une membre du bureau politique de l'URD, le principal parti de l'opposition, Fatoumata Konaté.
M. Cissé a catégoriquement rejeté vendredi les chiffres officiels, assurant avoir "remporté cette élections avec 51,75%" des suffrages.
Ces résultats "ne sont que supercherie, mascarade, parodie et mensonges", le "fruit pourri d'une fraude honteuse", avait ajouté l'ancien ministre des Finances, âgé de 68 ans.
"Nous ne pensons pas qu'il y a défaite. Nous n'allons pas reconnaître le vol", a expliqué lors de la manifestation l'un des porte-parole de l'opposition, Nouhoum Tog. "Ceux qui acceptent de féliciter les voleurs sont aussi de gros voleurs", a-t-il ajouté en allusion aux félicitations adressées dès jeudi, notamment par le président français Emmanuel Macron, à Ibrahim Boubacar Keïta.
M. Cissé a officiellement obtenu 32,83% des suffrages à la présidentielle, contre 67,17% à M. Keïta. Le chef de file de l'opposition a indiqué qu'il avait introduit des recours devant la cour constitutionnelle, qui dispose de quelques jours pour se prononcer.
Ibrahim Boubacar Keïta aura en priorité la lourde tâche de relancer l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg. Sa mise en oeuvre accumule les contretemps et n'a pas empêché les violences de se propager du nord vers le centre du pays et vers le Burkina Faso et le Niger voisins.
M. Keïta ne s'est pas encore exprimé publiquement depuis l'annonce de sa réélection, se contentant de "remercier du fond du coeur" ses électeurs sur sa page Facebook.
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