En Côte d’Ivoire, l’actualité de la justice transitionnelle reste dominée par l’amnistie accordée le 6 août par le président Alassane Ouattara à 700 personnes condamnées ou poursuivies pour des crimes liés à la crise postélectorale de 2010-2011. Dans une déclaration publiée le 17 août sur son site internet, la Conférence des Evêques Catholiques de Côte d’Ivoire « se félicite de cette ordonnance d’amnistie historique du président de la République, qui contribue fortement au pardon et à la réconciliation, toutes choses utiles pour la stabilité, le développement, le bien-être des populations et le rayonnement de notre pays dont tous les compatriotes veulent rester fiers ». Signée au nom de ses pairs par Mgr Antoine Koné, Evêque du Diocèse d’Odienné et président de la Commission Episcopale pour la Pastorale sociale, la déclaration salue une « décision porteuse d’espérance », tout en encourageant le chef de l’Etat « à continuer à poser les actes qui favorisent concrètement le rassemblement de tous les enfants dans notre maison commune, la Côte d’Ivoire ». La conférence épiscopale exhorte « toute la classe politique ivoirienne à tenir des discours d’apaisement et à œuvrer vraiment pour la réconciliation, entrant ainsi dans cette nouvelle dynamique que le Chef de l’Etat engage pour l’avenir de la Nation ». Enfin, elle « invite les bénéficiaires de cette amnistie, devant être fraternellement accueillis, à cultiver un esprit patriotique favorisant le pardon accueilli et offert, la paix des cœurs et l’assainissement du climat sociopolitique ». Cette décision prise par le président Ouattara à deux ans de la fin de son second septennat est cependant considérée par des associations de défense des droits de l’homme comme un mépris pour les victimes.
Méfiance envers la CPI
C’est aussi un sentiment de déception chez les victimes centrafricaines des crimes perpétrés en 2002 et 2003 par des hommes de l’ex-chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba, acquitté le 8 juin par la chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI). De retour de Bangui, Maître Marie-Edith Douzima, qui a représenté plus de 5000 victimes dans cette affaire, estime, dans un entretien avec JusticeInfo, que la méfiance envers la Cour et la justice internationale en général est profonde. « La situation était très tendue. L'acquittement a été un coup de massue. Personne, ni du côté des victimes, ni du côté de la population, n’avait envisagé une telle décision », indique l’avocate. « Lorsque je suis arrivée à Bangui, des personnes envisageaient de venir ‘saccager’ le bureau de la CPI sur place. Les intermédiaires, qui, bénévolement, aident aux contacts entre mon équipe et les victimes, ont été pris à partie. Je dirais que je suis arrivée au moment opportun. Il a fallu expliquer. J’ai tenu plusieurs réunions à Bangui, j’ai appelé personnellement de nombreuses victimes, j’en ai aussi invité d’autres à venir jusqu’à la capitale, et j’ai pris contact avec presque toutes les radios pour faire des émissions interactives, où les auditeurs pouvaient poser leurs questions », témoigne Me Douzima.
Washington sanctionne des commandants birmans
En dehors du continent africain, les Etats-Unis d’Amérique ont annoncé le vendredi 17 août avoir pris des sanctions contre quatre commandants militaires birmans, en les accusant notamment d’implication dans « le nettoyage ethnique » des musulmans rohingyas. Parmi les quatre commandants visés, figure Aung Kyaw Zaw qui, selon Washington, « contrôlait les opérations de la police militaire et des frontières dans les commandements ouest, sud et sud-ouest de 2015 à début 2018 ». Ces sanctions permettent aux autorités américaines de saisir ou de geler des possessions ou intérêts détenus par les personnes visées. Les Américains se voient par ailleurs interdire toute transaction avec ces mêmes personnes.