« Monsieur Bikindi mérite une peine d’emprisonnement pour le reste de sa vie ; le seul verdict qui soit raisonnable dans cette affaire est un verdict de culpabilité », a requis William Egbe, représentant du procureur. « Ses chansons ont incité au génocide », a soutenu le magistrat camerounais, dénonçant les liens du musicien avec la fameuse Radio-télévision libre des mille collines (RTLM) qui diffusait des messages de haine.
La RTLM jouait très souvent la musique de Bikindi qui en était l’un des membres fondateurs.
M.Egbe a cité comme circonstances aggravantes la position sociale de l’accusé, la souffrance des victimes et la violence ainsi que la nature humiliante des crimes allégués. « Il n’y a aucune circonstance atténuante dans la présente affaire », a ajouté Egbe.
De son côté, le conseil principal de la défense, Andrea O’Shea a dénoncé « les contradictions » des témoignages à charge et appelé les juges à « rendre Bikindi à sa musique ».
L’avocat britannique a vanté « la très haute qualité » des témoins de la défense, soulignant que certains d’entre eux sont des Tutsis auxquels Bikindi a sauvé la vie.
L’accusé a pris la parole en dernier pour clamer son innocence. « J’ai aucun doute que les juges se sont rendus compte qu’ils ont, devant eux, une personne innocente », a-t-il déclaré à la chambre.
Au cœur de ce procès se trouvent trois chansons en langue rwandaise interprétées de façons divergentes par le procureur et par la défense. L’accusation soutient qu’il s’agit d’appels à l’unité des Hutus en vue de se débarrasser des Tutsis tandis que Bikindi affirme ne chanter que la paix et la démocratie dans ses œuvres incriminées.
Pendant le procès, chaque partie a cité son expert rwandais pour appuyer son interprétation des trois chansons dont les textes sont parfois alambiqués.
Bikindi est par ailleurs accusé d’avoir participé à des massacres de Tutsis dans la préfecture de Gisenyi (nord) dont il est originaire. Il a été arrêté aux Pays Bas en juillet 2001 et son procès s’est ouvert en septembre 2006.
La chambre est présidée par la juge argentine Inès Weinberg de Roca.
ER/PB