Les Etats-Unis déclarent (à nouveau) la guerre à la CPI
Le 10 septembre, John Bolton, conseiller pour la sécurité nationale du président américain Donald Trump, a attaqué frontalement la Cour pénale internationale (CPI). Au début de la présidence de George W. Bush, en 2002, Bolton avait été le principal architecte d’une stratégie d’affrontement avec la CPI, qui venait alors de commencer ses travaux. Cette politique avait été abandonnée trois ans plus tard pour laisser la place à une coopération constructive entre les Etats-Unis – qui ne reconnaissent pas la juridiction de la CPI – et le tribunal de La Haye. Sous Obama, Washington avait, par exemple, aidé à l’arrestation et à la remise de deux accusés de la CPI.
Cette politique est désormais révolue. Bolton a qualifié la cour d’« inefficace, irresponsable et, en réalité, franchement dangereuse. » Il a annoncé que les Etats-Unis « ne coopéreront pas avec la CPI », « ne fourniront aucune assistance à la CPI » et ne la « rejoindront pas ».
L’une des raisons de l’ire américaine est la possible ouverture d’une enquête par la procureure de la CPI sur des crimes commis en Afghanistan après 2003. Fatou Bensouda avait annoncé en novembre dernier avoir demandé aux juges l’autorisation d’ouvrir cette enquête. Même si les crimes des Talibans représenteraient la plus grande partie des faits allégués, la procureure a indiqué que certains militaires et agents américains pourraient aussi être poursuivis pour des actes de torture sur des prisonniers de guerre.
Bolton a décrit sa stratégie pour saper les travaux de la CPI. Pourtant, ses attaques pourraient avoir l’effet de sonner le ralliement des partisans de la cour.
L’Allemagne et le génocide des Hereros et des Namas : un siècle sans excuses
Un génocide ne s’oublie pas. Ou plus exactement, les victimes ne l’oublient pas. Plus d’un siècle après les massacres de populations Herero et Nama dans l’ancien Sud-Ouest africain allemand (actuelle Namibie), les descendants des victimes demandent toujours réparation. Leurs représentants, avec l’appui de membres de la société civile allemande, pressent Berlin de présenter des excuses formelles. Perpétrés par l’armée impériale allemande, ces massacres sont présentés par nombre d’historiens comme le premier génocide du XXe siècle. Le 29 août 2018, l'Allemagne a remis à la Namibie des ossements de Hereros et de Namas exterminés à l’époque. La cérémonie s’est déroulée dans une église protestante berlinoise. Mais cela est loin d’être satisfaisant aux yeux des dirigeants des associations de victimes qui attendent des excuses formelles et au plus haut niveau. Ils se plaignent également que les négociations aient lieu de gouvernement à gouvernement, sans que leurs communautés soient directement représentées. En Allemagne, certains intellectuels dénoncent l’approche « hautaine, de style colonial » des autorités allemandes sur cette question. Ils appellent toutes les anciennes puissances coloniales à restituer les restes humains en provenance de leurs anciennes possessions et à oser ouvrir un débat sur ces pages sombres de l’histoire de l’humanité.