Protais Mpiranya est accusé par le tribunal onusien de génocide et crimes contre l’humanité. En 1994, il était commandant de la garde présidentielle (GP), un des postes clés durant les trois mois que durera le génocide qui fit plus de 800 000 morts selon l’Onu.
Selon l’acte d’accusation dressé par le TPIR, Mpiranya aurait notamment été impliqué dans des campagnes de haine raciale, de distributions d’armes à la population et dans l’entraînement de milices en vue d’éliminer l’ethnie Tutsi et les opposants au groupe des extrémistes Hutu, qui ont planifié et exécuté le génocide.
C’est également lui qui aurait donné l’ordre à ses hommes d'aller assassiner le 7 avril 1994, outre d’autres opposants, le Premier ministre Agathe Uwilingiyimana, ainsi que les dix casques bleus belges chargés de la protéger. La Belgique a condamné en 2007 le major Bernard Ntuyahaga à 20 ans de prison pour son implication dans ces derniers crimes. Il n’a jamais reconnu durant son procès ni sa responsabilité ni, a fortiori, avoir reçu d’ordres.
D’après le Sunday Times, Mpiranya aurait été localisé tantôt au Congo, tantôt au Zimbabwe, sans que la rançon de 5 millions de dollars offerte par les Etats-Unis ait permis son arrestation en 14 ans. « Ce sont ces liens avec des officiers zimbabwéens, dont certains ont monté leur propre compagnie dans le but de piller les richesses du Congo, qui lui permettent d’être en sécurité au Zimbabwe», explique l’hebdomadaire britannique.
Après le génocide, Mpiranya a fui au Congo voisin. Lors de la « deuxième guerre du Congo » (1998-2002), lui et d’autres gradés Hutu en fuite auraient soutenu le président Laurent-Désiré Kabila contre l’armée rwandaise, aux côtés, entre autres, des soldats du Zimbabwe de Robert Mugabe.
Cette information intervient alors que le président du TPIR, Dennis Byron, et le procureur, Hassan Bubacar Jallow, ont demandé la semaine dernière aux Nations unies une prolongation d’un an du mandat du tribunal. La clôture officielle devrait intervenir à la fin de l’année pour les procès en première instance. Treize accusés sont toujours en fuite.
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