D'après lui, les militaires belges seraient arrivés au camp vers huit heures du matin , à bord D'un mini-bus. Un sous-officier rwandais, l'adjudant-chef Léonard Sebutiyongera, aurait alors répandu "une rumeur", comme quoi ces casques bleus avaient descendu l'avion du président Juvénal Habyarimana.
La mort du président Habyarimana, dans la nuit du 6 avril 1994, a déclenché le génocide anti-tutsi et les massacres D'opposants qui ont fait un million de victimes en cent jours.
"Quelques instants après [l'annonce par Sebutiyongera], des militaires ont commencé à tabasser les soldats belges et à en tuer quelques uns", a affirmé CE, ajoutant que "pendant les dix premières minutes, certains D'entre eux avaient déjà été tués."
"J'étais à environ trois mètres D'eux", a indiqué le témoin, expliquant que lorsqu'il y a eu des échanges de coup de feu entre les soldats belges et les FAR, il a été ordonné aux autres militaires, dont lui-même, de prendre position pour assurer la défense du camp.
l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, un des quatre accusés dans le procès "Militaires I" dans lequel CE témoigne, est notamment poursuivi pour cet assassinat.
En contre- interrogeant CE, l'avocat franco-martiniquais de Bagosora, Me Raphaël Constant, lui a demandé de préciser l'unité D'où venaient les militaires qui ont tué les Belges. "Ils venaient de diverses unités, il était difficile de les distinguer", a-t-il répondu.
Le témoin a ajouté que le commandant du camp Kigali, le colonel Nubaha, était présent lorsque les casques bleus belges ont été tués.
Le témoin a cependant indiqué qu'il ne savait pas si les militaires rwandais en tuant les Belges répondaient à un ordre ou non.
Bagosora est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.
Poursuivis notamment pour génocide, entente en vue de commettre le génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, tous plaident non coupable.
Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.
Le témoin CE est le cinquante-troisième témoin à charge dans cette affaire ouverte sur le fond le 2 avril 2002. Au moins cinq autres témoins ont déjà évoqué l'assassinat de ces casques bleus belges qui gardaient l'ancien premier ministre Agathe Uwilingiyimana tuée également le même jour.
GA/AT/GF/FH (Ml''0413A)