« Quand le ministre Bizimungu est passé à l’hôpital (pendant le génocide), nous nous sommes dits que les massacres allaient cesser mais les tueries se sont poursuivies après sa visite », a rapporté vingt-cinquième témoin à charge.
Désigné par le pseudonyme QU pour préserver son anonymat, le témoin est une femme tutsie qui travaillait au ministère de la santé depuis 1993.
Elle a indiqué qu’elle était restée cachée pendant quelques semaines au CHK.
Selon elle, les massacres du CHK étaient perpétrés par des militaires. Au début de sa déposition, elle avait allégué que certains agents du ministère appartenaient à la milice Interahamwe.
Ces miliciens disposaient, selon elle, d’un stock de grenades dans le bureau de Sœur Godelieve, la sœur du président Juvénal Habyarimana. QU a indiqué que cette religieuse travaillait dans le service de formation professionnelle du ministère de la santé.
Ces miliciens se déplaçaient à bord de véhicules du ministère lors de leurs expéditions meurtrières notamment à Kirambo (nord) et au Bugesera ( sud-est) en 1993, toujours selon QU.
L’avocate canadienne de Bizimungu, Me Michelyne Chénard Saint Laurent, a mis en doute, en contre- interrogatoire, la crédibilité du témoin.
« Si je vous disais que Sœur Godelieve travaillait dans un projet qui n’a rien à voir avec la formation professionnelle ? », lui a demandé l’avocate. « C’est faux », a rétorqué QU.
« Vous parlez de massacres au Bugesera en 1993 alors que les tueries de Bugesera ont été commises en 1992 ! », a encore fait remarquer Me Saint-Laurent.
« Il y a eu une série de massacres au Bugesera. Je parle bien des massacres de 1993 », a maintenu le témoin.
QU poursuivra sa déposition jeudi.
Ce procès se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge sri- lankais Asoka de Zoysa Gunawardana assisté de la Pakistanaise Khalida Rashid Khan et du Kenyan Lee Gacuiga Muthoga.
ER/CE/GF/FH (GVII 0317A)