Sept Syriens et Syriennes victimes ou témoins de viols et d'abus sexuels dans des centres de détention du régime de Bachar al-Assad ont déposé plainte auprès de la justice allemande, a annoncé jeudi l'ONG allemande ECCHR.
Le Parquet fédéral allemand qui siège à Karlsruhe (sud-ouest) n'était pas immédiatement joignable pour un commentaire.
La plainte, qui intervient alors que se tient depuis avril en Allemagne le premier procès au monde d'exactions attribuées au régime de Damas, vise nommément neuf hauts responsables du gouvernement syrien et des services de renseignement de l'Armée de l'air, a précisé l'ONG basée à Berlin et qui appuie cette démarche.
Parmi ces personnes visées figure un ancien proche du président Assad, l'ancien chef des services de renseignements de l'armée de l'Air en poste jusqu'en 2019 Jamil Hassan, qui fait déjà l'objet d'un mandat d'arrêt international de l'Allemagne et de la France. La justice allemande le soupçonne "de crimes contre l'humanité".
Ces plaignants, quatre femmes et trois hommes, ont été incarcérés dans différents centres de détention des services de renseignement de l'armée de l'air à Damas, Alep et Hama.
Entre avril 2011 et août 2013, ils ont tous été victimes ou témoins de torture et de violences sexuelles, telles que "le viol, les électrochocs sur les parties génitales, la nudité contrainte ou même l'avortement forcé".
Depuis trois ans, les plaintes contres des responsables syriens pour les actes de torture perpétrés dans les geôles du pays se sont multipliées dans plusieurs pays européens, en particulier en Allemagne où la justice s'est montrée active face à des exactions largement documentées par des ONGs et des témoignages de rescapés réfugiés en Europe.
L'Allemagne accueille avec quelque 800.000 réfugiés syriens, le plus gros contingent en Europe.
Ces recours s'appuient sur le principe juridique de la compétence universelle qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs de crimes humanitaires graves, notamment les crimes de guerre ou crimes contre l'humanité, quelle que soit leur nationalité et l'endroit où ces crimes ont été commis.
Depuis le début du conflit en Syrie, en mars 2011, le régime de Bachar al-Assad a été accusé d'atteintes aux droits de l'Homme et mis en cause pour de multiples cas de tortures, viols et exécutions sommaires dans les centres de détention.