“Sans président, il n’y a pas de gouvernement. Le premier ministre (Agathe Uwingiliyimana) n’est pas apte à gouverner. Elle ne bénéficie pas de la confiance de la nation,” aurait déclaré Bagosora lors de cette réunion, tenue le 7 avril.
La déposition du major Beardsley concernant les propos de Bagosora sur Mme Uwingiliyimana corrobore celle du général Dallaire, qui l’a précédé à la barre.
Poursuivant son témoignage, le major Beardsley a ajouté que Bagosora utilisait des termes grossiers à chaque fois que le nom du premier ministre était mentionné. ”J’étais assis à côté de Bagosora au cours de la réunion. Il jurait en français et ne montrait aucun respect,” a expliqué le témoin.
“Le général Dallaire a exprimé ses préoccupations concernant le gouvernement choisi par les Rwandais, mais les militaires n’en voulaient pas. Ils voulaient prendre la situation en main,” a poursuivi Beardsley.
Un peu plus tard, le témoin a fait état de la garde présidentielle après la mort du président, qu’il a trouvé “extrêmement agressive, hurlant, attaquant même des officiels de la MINUAR ”. Il a ajouté qu’après cette réunion, Bagosora aurait reconnu “avoir des problèmes avec la garde présidentielle et essayer de la maintenir sous contrôle”.
Dans ce procès dit Militaires I, Bagosora est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.
Tous quatre plaident non-coupable de charges de génocides et crimes contre l’humanité.
Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose et comprenant en outre les juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.
CE/SV/GF/FH (ML’0203AA)