L'ancien président du Kosovo Hashim Thaçi, inculpé de crimes de guerre lors du conflit contre les forces serbes, a plaidé non coupable lundi lors de sa première apparition devant un tribunal spécial à La Haye, aux Pays-Bas.
"L'acte d'accusation est totalement dénué de fondement, et je plaide non coupable de tous les chefs d'accusation", a déclaré M. Thaçi, 52 ans, ancien chef politique de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) et inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés durant la guerre d'indépendance (1998-1999).
Il est apparu vêtu d'un costume gris, chemise bleu clair et cravate rouge lors de sa première comparution devant la justice internationale, au cours d'une audience lors de laquelle ont été énumérés les différents chefs d'accusation retenus contre lui.
Peu de temps après l'annonce de sa démission jeudi, M. Thaçi avait été transféré au centre de détention du tribunal spécial (KSC), qui siège aux Pays-Bas, aux côtés de trois autres suspects.
Les quatre hommes sont soupçonnés de près de 100 meurtres, de disparitions forcées, de persécutions et de tortures, des actes qui auraient été commis entre mars 1998 et septembre 1999.
Au coeur de la vie politique kosovare depuis deux décennies, M. Thaçi a constamment proclamé son innocence, accusant la justice internationale de "réécrire l'histoire".
La guerre du Kosovo, opposant forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare albanaise, a fait plus de 13.000 morts, des Kosovars albanais pour la plupart. Elle s'est terminée quand une campagne occidentale de frappes aériennes, au printemps 1999, a contraint les forces serbes à se retirer.
M. Thaçi, qui a promis de "collaborer étroitement avec la justice", a comparu pour la première fois devant le KSC lundi à 15H00 (14H00 GMT) lors d'une audience publique à La Haye.
- Etape préliminaire -
Hashim Thaçi, qui était président du Kosovo depuis 2016 et avait auparavant été Premier ministre, avait assuré qu'il démissionnerait de ses fonctions si les accusations de crimes de guerre dont il fait l'objet étaient confirmées par une inculpation formelle.
Sa mise en accusation avait été rendue publique en juin par le tribunal spécial mais devait encore être validée par un juge.
Trois autres suspects ont été transférés à La Haye à ses côtés: l'ancien porte-parole de l'UCK Jakup Krasniqi, un des plus proches alliés politiques de M. Thaçi, Kadri Veseli, ex-patron du renseignement de la guérilla, ainsi qu'une des figures marquantes de l'UCK, Rexhep Selimi.
La comparution initiale de M. Krasniqi a également eu lieu lundi, et celles de M. Veseli et de M. Selimi se tiendront respectivement mardi et mercredi.
Les audiences ont pour but de s'assurer "que les droits de l'accusé, y compris le droit à une représentation légale, sont respectés" et que celui-ci "comprend les charges retenues contre lui", a indiqué le KSC.
Ce tribunal spécial est une instance de droit kosovar composée de juges internationaux et chargée d'enquêter sur des crimes commis par l'UCK pendant et après le conflit de 1998-1999, principalement à l'encontre de Serbes, de Roms et d'opposants kosovars à la guérilla.
La plupart des habitants du Kosovo, territoire qui a déclaré en 2008 son indépendance jamais reconnue par la Serbie, considèrent le conflit comme une "guerre juste" contre les forces de Belgrade.
Trois anciens membres de l'UCK avaient déjà été transférés à La Haye en septembre.