Dénommé "GTE" pour préserver son anonymat, le troisième témoin à charge est une rescapée tutsie, originaire de la province de Kibungo (est du Rwanda). Elle a affirmé avoir perdu cinq de ses sept enfants pendant le génocide.
Son témoignage a mis en cause l'ancien ministre de la fonction publique, Prosper Mugiraneza, originaire, comme elle, de Kibungo.
l'ancien ministre aurait incité au massacre des Tutsis lors D'une réunion publique tenue en avril 1994 dans le secteur Gasetsa (commune Kigarama, province de Kibungo). "Il a demandé aux Hutus D'être actifs et de se mettre au travail", a affirmé Mme GTE. Le témoin a laissé entendre que l'expression "se mettre au travail" signifiait tuer les Tutsis.
Mme GTE a ajouté que Mugiraneza a supervisé la distribution de fusils et de grenades qui ont été, par la suite, utilisés lors D'une attaque contre les Tutsis qui avaient cherché refuge au bureau communal de Kigarama.
Lors du contre-interrogatoire, l'avocat américain Me Tom Moran, qui représente Mugiraneza, a contesté la présence de Mme GTE à la réunion de Gasetsa. "Je m'y étais rendue avec D'autres Tutsis mais nous en avons été chassés. On nous a battus, en nous disant que la réunion ne concernait que les Hutus", a répondu GTE.
Prosper Mugiraneza est co-accusé avec les anciens ministres de la santé Casimir Bizimungu, des affaires étrangères Jérôme Bicamumpaka et du commerce Justin Mugenzi. Les coaccusés répondent de six chefs D'accusation de génocide et de crimes contre l'humanité et plaident non coupable.
Leur procès se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR présidée par le juge sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana du Sri Lanka, assisté de la juge pakistanaise Khalida Rashid Khan et du juge kenyan Lee Gacuiga Muthoga. Le contre- interrogatoire du témoin GTE se poursuit mardi.
ER/AT/GF/FH (GVII'1201A)