La réparation des torts et des sévices infligés aux jeunes autochtones pendant plus d'un siècle avec leur scolarisation forcée dans des pensionnats passe maintenant par l'élimination du "fossé éducatif" dont ils sont toujours victimes, a estimé mardi la Commission de vérité et réconciliation (CVR).
Cette commission, mise en place en 2007 afin de faire la lumière sur les 150 années d'existence des pensionnats où ont été internés de force des enfants des Premières nations, a demandé "au gouvernement d'éliminer le fossé éducatif entre les Canadiens autochtones et non autochtones".
Plus de 150.000 enfants indiens, métis et inuits ont été coupés de leurs familles et de leur culture en étant intégrés de force dans des pensionnats, souvent régis par l'Eglise catholique. Nombre d'entre eux ont été soumis à de mauvais traitements ou à des abus sexuels. Environ 80.000 d'entre eux sont encore en vie.
Parmi les 94 recommandations de la commission, fruit de cinq années de recueil de témoignages de quelque 7.000 anciens élèves de pensionnats au Canada, plusieurs portent sur le volet éducatif.
Il est ainsi proposé au gouvernement "d'égaliser le financement de l'éducation entre les enfants des Premières nations qui se trouvent sur les réserves et ceux qui n'y sont pas", et aussi d'aider plus de jeunes autochtones à intégrer les universités.
Il est suggéré au gouvernement fédéral et à ceux des provinces "d'adopter et de mettre en oeuvre la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones".
La commission demande "des mesures pour protéger le bien être des enfants, conserver le patrimoine linguistique et culturel, promouvoir l'équité juridique et améliorer le partage d'informations sur les enfants disparus".
Toutes "ces recommandations constituent la première étape pour redresser le tort historique des pensionnats indiens et faire progresser le processus de réconciliation", a estimé le juge Murray Sinclair, président de la CVR.
Lundi, le chef de l'assemblée des Premières nations Pierre Bellegarde avait repris les termes de la juge en chef de la Cour suprême du Canada Beverley McLachlin, pour comparer cet épisode tragique de l'histoire canadienne à un "génocide culturel".
La misère, l'alcoolisme et les taux de suicide élevés, sont encore le lot aujourd'hui de bon nombre des communautés autochtones. Les responsables mettent ces fléaux sur le compte de la politique d'assimilation forcée des enfants.
La plupart de ces pensionnats ont été fermés dans les années 1970. Le dernier a fermé en 1996 dans la province de la Saskatchewan (Centre).