Selon le témoin, les barrages routiers étaient contrôlés par des militaires, dont des éléments de la Garde Présidentielle (GP) et des Interahamwe. Ces derniers sont considérés par l'accusation comme le fer de lance du génocide rwandais, qui fait près D'un million de morts entre avril et juillet 1994.
"Ils [militaires et Interahamwe] avaient reçu les armes de Bagosora", a allégué XXC en répondant aux questions du représentant nigérian du parquet, Segun Jegede. Le témoin a cependant concédé ne pas avoir été témoin oculaire de cette distribution, disant simplement l'avoir appris par ses amis.
Beaucoup de Tutsis auraient été arrêtés et tués sur les barrages, tandis que D'autres auraient été massacrés dans leurs maisons, D'après le témoin, qui a situé l'incident vers le 15 avril.
Le parquet allègue que "dans les heures qui ont suivi la chute de l'avion du président Habyarimana, les militaires et les miliciens ont érigé des barrages et commencé à massacrer les Tutsis et les membres de l'opposition Hutu à Kigali et dans D'autres régions du Rwanda".
Or, le procureur maintient que Bagosora a "de facto" pris le contrôle des affaires politiques et militaires du Rwanda après l'attentat contre l'avion du président. "Il s'est imposé comme l'homme de la situation à même de gérer la crise", selon l'accusation.
Aux yeux du procureur, c'est lui le "cerveau", le principal architecte du génocide.
XXC a qualifié l'accusé d’"impitoyable", surtout de par l'influence qu'il aurait jouée au sein D'une clique proche de la famille présidentielle connue sous l'appellation "Escadron de la Mort".
D'après le témoin, la mission de cette clique aurait été de traquer, D'arrêter et de torturer les opposants au régime Habyarimana. Certains membres présumés de ce 'cercle D'influence', qui aurait existé longtemps avant le génocide, sont détenus au TPIR, dont le beau-frère de l'ancien président, Protais Zigiranyirazo.
Bagosora est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon paracommando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.
Tous les accusés plaident non coupable.
Ce procès dit "Militaires I" se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Aleckseievich et fidjien Jai Ram Reddy.
Jeudi, le parquet poursuivra l’interrogatoire de XXC.
GA/CE/FH (Ml'0917A)