"Je suis une des cinquante personnes qui ont créé la CDR mais après cela J'ai disparu", a-t-il dit.
Hassan Ngeze a indiqué qu'il a approuvé les statuts de la CDR, expliquant que l'un de ses objectifs était de mettre sur la table les différends entre les Hutus et les Tutsis du Rwanda.
Selon lui, la principale source des problèmes qui ont jalonné l'histoire du Rwanda vient du fait que les relations entre les Hutus et les Tutsis, les deux principales ethnies du pays, n'ont jamais été débattues.
Hassan Ngeze a déclaré qu'il avait été nommé "conseiller" auprès de la CDR, ajoutant qu'il s'agissait simplement D'un titre "honorifique" et qu'il n'appartenait pas aux organes directeurs du parti.
Hassan Ngeze est coaccusé avec deux responsables présumés de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana et Jean-Bosco Barayagwiza. Ils sont notamment poursuivis pour entente et incitation directe et publique à commettre le génocide. Ils plaident non coupables.
Hassan Ngeze a déclaré que lors du génocide, il avait plutôt sauvé des gens menacés. "Moi, J'ai sauvé des Tutsis. De plus, entre avril et juillet 1994, je n'ai rien publié. Je n'ai cessé de condamner les tueries. Je voulais que la communauté internationale sache ce qui se passait", a-t-il plaidé.
Le parquet allègue que des médias comme Kangura et la RTLM ont été créés dans le but D'inciter à la haine et à la peur contre la minorité tutsie. Hassan Ngeze affirme au contraire que sa revue n'est qu'une reproduction de l'histoire du Rwanda.
Hassan Ngeze, qui a refusé l'assistance de ses conseils, a D'ailleurs passé une bonne partie de son témoignage à présenter des livres D'histoire malgré les recommandations de la chambre. "Nous attendons de vous des moyens de preuve. Cela ne sert pas votre cause. En présentant des livres D'histoire, ce ne sont pas des éléments de preuve que vous versez", lui a indiqué le juge président, la Sud-Africaine Navanethem Pillay.
La défense mécontente D'une ordonnance portant calendrier
En pleine déposition de Hassan Ngeze, la chambre a émis une ordonnance portant calendrier du reste du procès, ce qui a irrité la défense. La chambre a ordonné que les résumés des dépositions de tous les témoins des faits restants soient communiqués au plus tard le 4 avril, et ceux des témoins experts le 11 avril. Ils devront être entendus pour la plupart entre le 7 avril et le 7 mai. La chambre devrait aménager du temps pour entendre les derniers témoins, dès le 8 mai.
Quant au procureur, il a jusqu'au 16 juin pour déposer une copie de son réquisitoire au greffe. Les défenses ont, elles, jusqu'au 16 juillet. Les arguments finaux des parties seront présentés entre le 18 et le 22 août. La chambre entamera alors son délibéré.
Réagissant à cette ordonnance, l'avocat canadien Me René Martel, co-conseil de Hassan Ngeze a déclaré qu'il ne pourra pas se plier aux exigences de ce calendrier. "En ce qui nous concerne, le procès est terminé, nous n'avons aucune possibilité de faire venir nos témoins", a-t-il regretté. "Il est impossible dans ces délais de finaliser notre cause. Aucun de nos experts n'est disponible pour ces dates.", a-t-il ajouté.
Faisant allusion à l'élection de la présidente de la chambre, la juge sud-africaine Navanethem Pillay, à la Cour pénale internationale permanente, qui a des conséquences sur le déroulement de ce procès, Me Martel a indiqué: "Je reconnais que vous avez une carrière, mais nos experts et nous-mêmes avons également une carrière. […] Cette ordonnance portant calendrier est un véritable outrage pour la défense de M.Hassan Ngeze."
l'avocat italien de Jean-Bosco Barayagwiza, Me Giacomo Barletta, avait également annoncé le retrait de son seul témoin, le Dr Fernand Giffioul, en raison de ce calendrier contraignant pour lui.Il est, par la suite, revenu sur sa décision et le Dr Giffioul sera entendu le 8 mai.
Jean-Bosco Barayagwiza boycotte ce procès depuis son ouverture en octobre 2000 et il est représenté par un avocat qu'il ne reconnaît pas. Celui-ci a éprouvé des difficultés à faire comparaître des témoins, du fait qu'il ne communique pas avec son client.
Ngeze a également regretté cette ordonnance. "Vous savez que le procureur veut que je meurs même si je suis innocent. Je m'en suis remis aux juges et maintenant c'est eux qui me malmènent", a-t-il allégué.
Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR comprenant outre la juge Pillay, les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
La déposition de Hassan Ngeze se poursuivra lundi. La chambre l'avait dans un premier temps instruit de clôturer son témoignage direct vendredi, mais elle a finalement accédé à la requête de son avocat de lui accorder un peu plus de temps. Ngeze devrait déposer toute la journée de lundi, avant D'être contre-interrogé par le procureur. Les autres équipes de la défense qui le souhaitent, ainsi que les juges, auront également l'opportunité de l'interroger.
AT/CE/GF/FH (ME'0328A)