11.03.2003 - TPIR/BUTARE - NYIRAMASUHUKO AURAIT INCITE AU VIOL DE TUTSIES, SELON UN TEMOIN A CHARGE

Arusha 11 mars (FH) - Le vingt-et-unième témoin du parquet a accusé mardi l’ancienne ministre et son fils d’avoir incité des miliciens Interahamwe à violer les femmes tutsies. Elle déposait dans le cadre du procès du groupe de Butare (sud du Rwanda) en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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L’affaire regroupe l’ancienne ministre de la famille et de la promotion féminine, Pauline Nyiramasuhuko, son fils Arsène Shalom Ntahobari, les anciens préfets de Butare Sylvain Nsabimana et Alphonse Nteziryayo ainsi que les anciens maires Elie Ndayambaje et Joseph Kanyabashi. Tous les six sont accusés d’avoir organisé des massacres de Tutsis dans la province de Butare en 1994.

Le témoin FAP, ainsi dénommée pour des raisons de sécurité, est une femme tutsie, tout comme le témoin précédent, SS. Ouverte au début de la semaine dernière, l’audition de cette dernière s’est terminée mardi en fin de matinée, avec la fin des contre-interrogatoires des équipes de défense.

Un soir de mai 1994, selon le témoin, Pauline Nyiramasuhuko, un militaire et des Interahamwe sont arrivés dans la cour du bureau préfectoral de Butare, où les Tutsies s’étaient réfugiées, à bord d’un véhicule de type camionnette que conduisait Shalom Ntahobari, le fils de l’ancienne ministre.

"Le véhicule s’est immobilisé au milieu de la cour. Après quoi, Nyiramasuhuko a pris la parole appelant les Interahamwe à ne pas tuer les filles et les jeunes femmes tutsies sans les avoir préalablement violées", a raconté le témoin.

Poursuivant son récit, Shalom Ntahobari et un groupe d’Interahamwe se seraient alors dirigés vers la véranda du bureau préfectoral d’où une fille aurait crié : "Faites cela à ma mère qui est adulte. Moi je suis trop jeune". "La fille se débattait en fait pour ne pas être violée", a précisé le témoin.

FAP a ajouté que, la mère ayant refusé de se laisser violer, elle aurait été tuée à coups de couteaux et son corps jeté dans le véhicule.

Le témoin FAP répondait aux questions de la représentante du Procureur , la Sierra-Léonaise Adelaide Whest qui poursuivra son interrogatoire principal mercredi.

Le procès de Butare se déroule devant la deuxième chambre de première instance du TPIR, présidée par le Tanzanien, William Hussein Sekule et comprenant, en outre, les juges Arlette Ramaroson de Madagascar et Winston Churchill Matanzima Maqutu du Lesotho.

ER/CE/GF/FH (BU'O311A)