Autrefois étoile montante de la politique roumaine, le Premier ministre social-démocrate Victor Ponta se retrouve au coeur d'une tempête politique en Roumanie, après l'ouverture vendredi de poursuites judiciaires à son encontre.
Cet ancien avocat de 42 ans est le premier chef de gouvernement en exercice dans ce pays, l'un des plus pauvres de l'Union européenne, à devoir répondre devant la justice de corruption.
Il a rejeté l'appel à la démission du président conservateur Klaus Iohannis, qui a mis en garde contre "une crise politique".
Maître du double langage selon ses détracteurs, le social-démocrate avait fait une carrière rapide et inédite dans l'histoire post-communiste de la Roumanie, avant de connaître son premier coup d'arrêt en novembre.
Donné gagnant par tous les sondages à l'élection présidentielle, il s'était finalement incliné face à Klaus Iohannis, issu de la minorité allemande et ardent défenseur de l'indépendance du système judiciaire.
La position de M. Ponta concernant la justice est plus ambivalente.
S'il dit respecter son indépendance, ses nombreuses critiques à l'égard du parquet chargé de la lutte contre la corruption (DNA), qu'il juge partisan ou manipulé par ses adversaires politiques, ont toutefois fait douter de son engagement.
Les tentatives de destitution de l'ancien président conservateur Traian Basescu et le vote d'amendements sous son gouvernement visant à limiter les marges de manoeuvre de la justice avaient vivement été critiqués par l'UE et Washington.
-"Copier-coller"-
Ancien procureur, il est entré dans la vie politique en 2001, gravissant rapidement les échelons du Parti social-démocrate (PSD, ex-communiste) sous l'égide d'Adrian Nastase, Premier ministre de 2000 à 2004 qui sera emprisonné huit ans plus tard pour corruption.
C'est à cette époque que Victor Ponta, qui ne s'est jamais distancé de son mentor, écrit sa thèse de doctorat sur la Cour pénale internationale (CPI), dénoncée par la suite comme étant un plagiat par plusieurs commissions d'experts. Ce qui lui a valu le sobriquet de "Copier-coller".
Deux ans seulement après avoir pris la tête du PSD, il est devenu Premier ministre en 2012 après avoir mené son parti à une large victoire. Sous son mandat, l'économie s'est redressée -dans la foulée de la reprise en Europe- et les déficits publics ont diminué.
Vu de l'étranger, il était considéré il y a deux ans et demi comme le représentant d'une nouvelle vague de responsables politiques roumains, ouverts au dialogue et à la critique. Il parle également parfaitement l'anglais et le français.
Mais sa cohabitation houleuse avec l'ancien président conservateur Traian Basescu a abouti au report de la mise en place de grandes réformes, notamment du système de la santé, vétuste, de l'éducation et de l'administration publique. Et les attaques contre la justice avaient calmé les enthousiasmes.
Passionné de vitesse -il aime participer à des rallyes automobiles-, Victor Ponta fut admirateur dans sa jeunesse du révolutionnaire Che Guevara avant de lui préférer Tony Blair, qui fut Premier ministre au Royaume-Uni.
Après sa défaite à la présidentielle, il avait déclaré avoir compris le message des électeurs et s'était engagé à faire un travail constructif avec le président élu. Il avait par ailleurs renoncé en décembre à son titre de docteur.