Les trois témoins ont indiqué que l'accusé avait sauvé des Tutsis persécutés au Rwanda entre avril et juillet 1994, et les avait aidés à se réfugier dans l'ex-Zaïre.
"Oui, Ngeze a sauvé des gens. C'est à ce moment-là qu'on a dit qu'il cachait les complices de ceux qui avaient attaqué le pays. Mais en fait, il cachait des innocents qui étaient menacés de mort lors des événements de 1994" a déclaré BAZ 2.
"Quand nous avons rencontré ces personnes à l'extérieur, elles nous ont dit que sans Ngeze, elles n'auraient pas eu la vie sauve", a expliqué ce témoin.
Le parquet allègue que Hassan Ngeze a plutôt incité aux massacres de Tutsis et commis des assassinats en 1994.
Les témoins de la défense ont par ailleurs rapporté que Hassan Ngeze ne pratiquait pas la discrimination ethnique ou religieuse. D'après BAZ 33, Ngeze a collaboré avec des Tutsis quand il a fondé son premier journal, Kangura.
Tous les témoins ont également contesté la thèse du procureur selon laquelle en 1994 Ngeze portait une arme et un uniforme militaire. l'accusation allègue en outre que Ngeze se faisait escorter par des individus armés.
Selon BAZ 10, qui a vu Ngeze une fois après le 6 avril 1994, "il portait une robe de musulman. Il n'était pas armé. Il était avec ses amis musulmans, tous habillés en civil".
Efficacité et coopération
Pour la deuxième journée consécutive, la chambre a entendu trois témoins D'un trait. Mercredi, les auditions ont été particulièrement accélérées par le fait que le procureur n'a pas estimé necessaire de contre-interroger deux des trois témoins. l'un D'entre eux avait déposé pendant environ dix minutes.
Le président intérimaire de la chambre, le juge norvégien Erik Mose, s'est félicité de ce que la défense de Ngeze ait réussi à citer huit témoins depuis lundi. "Je remercie les deux parties pour leur efficacité et leur coopération", a déclaré le juge Mose.
Les avocats de Ngeze ne disposent pas D'autres témoins sur place. Jeudi matin, les parties se retrouveront, à huis clos, en "conférence de mise en état", pour déterminer le calendrier de la prochaine session du procès des médias, prévue en mars.
La défense a prévu vingt-quatre témoins des faits et un expert pour ce mois de mars.
Le juge Mose a demandé à la défense de Ngeze D'ajuster son calendrier "à la lumière de l'expérience acquise au cours de cette session". La défense de Ngeze a annoncé cinquante-cinq témoins, mais le parquet demande constamment qu'elle revoie sa liste à la baisse.
Me Martel a répondu qu'il ne pourrait réduire le nombre de ses témoins que si le parquet retirait certaines allégations. Trois témoins de Ngeze ont néanmoins été déjà retirés de la liste la semaine dernière en accord avec le procureur.
Ngeze est coaccusé avec deux anciens responsables présumés de la RTLM, Ferdinand Nahimana et Jean-Bosco Barayagwiza. Il vient de citer onze témoins.
Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée normalement par la juge sud-africaine Navanethem Pillay. La juge Pillay était cependant absente cette semaine. La chambre était composée seulement du juge Mose et du juge sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
AT/CE/GF/FH (me'0129A)