La chambre a accepté ces explications et a suspendu les débats jusqu'à lundi prochain.
Le Tribunal entend actuellement les témoins de la défense de l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze. Trois ont déjà été cités.
Hassan Ngeze est coaccusé avec deux responsables présumés de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana et Jean-Bosco Barayagwiza.
Ngeze prend la parole
Après de nouveaux échanges de points de vue entre le parquet et la défense concernant la comparution de témoins à décharge qui devaient initialement déposer à charge, Hassan Ngeze a demandé la parole au président de la chambre. Il a une nouvelle fois allégué que ses avocats ne le contactent pas pour préparer sa défense et a sollicité l'intervention de la chambre.
"Nous n'avons pas préparé ensemble les questions à poser aux témoins", a déclaré en substance Hassan Ngeze. "Je connais mes témoins. Je devrais discuter avec mes avocats" avant les dépositions, a poursuivi l'accusé, demandant à la chambre de l’autoriser à poser cinq questions à chacun de ses futurs témoins pour pallier ce problème de communication avec sa défense.
l'avocat de Hassan Ngeze, l'Américain Me John Floyd, a répondu que son équipe faisait tout son possible pour défendre les intérêts de son client.
Ngeze a, plusieurs fois, demandé le remplacement de ses avocats, arguant qu'ils ne le consultent pas. La chambre a une fois accédé à sa demande de se faire représenter par des conseils qu'il paierait lui-même, mais l'accusé n'a pas pu les faire venir.
"Je sais que je gagnerai ce procès. Mais je demande que si jamais le procureur fait appel, ces avocats cessent de me défendre", a déclaré Hassan Ngeze.
Me Floyd a rétorqué que lui-même et son co-conseil, le Canadien Me René Martel, avaient déjà pris la décision de se retirer du dossier après le procès en première instance.
Ngeze a en outre demandé au Tribunal d’ordonner à ses avocats et au procureur de rencontrer certains témoins à charge qui auraient déclaré devant les juridictions populaires au Rwanda, les "gacacas", qu'ils ont été payés pour livrer de faux témoignages.
Hassan Ngeze a affirmé que, parmi les témoins qui seraient prêts à déposer en sa faveur, se trouve la femme de feu Modeste Tabaro, que Ngeze est accusé D'avoir assassiné pendant le génocide.
La représentante kenyane du parquet, Charity Kagwi-Ndungu, a accusé Hassan Ngeze de subornation des témoins. Ngeze lui a répondu : "Pourquoi avez-vous peur de la vérité ? Laissez les gens parler."
Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
AT/CE/GF/FH (ME'0123A )