L'Erythrée estime "scandaleux" un rapport de l'ONU l'accusant de violer les droits de l'Homme

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L'Erythrée a rejeté mardi les conclusions d'un rapport de l'ONU détaillant les violations "systématiques" des droits de l'Homme par le gouvernement, les qualifiant d'"accusations scandaleuses" visant à déstabiliser le pays.

Pendant près de 500 pages, le rapport d'enquêteurs du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies décrit la manière dont le pays, dirigé d'une main de fer pendant les 22 dernières années par le régime d'Issayas Afewerki, a créé un système répressif sous lequel toute personne peut-être arrêtée sans raison valable, emprisonnée, torturée, assassinée ou tout simplement disparaître.

Il accuse le gouvernement érythréen d'être responsable de "violations des droits de l'Homme systématiques et à grande échelle", conduisant près de 5.000 Erythréens à fuir leur pays chaque mois et décrit notamment des cas de torture à l'électricité, via des simulations de noyade, abus sexuels ou obligation de fixer le soleil pendant des heures.

Le ministre érythréen des Affaires étrangères, qui a refusé aux enquêteurs de l'ONU l'entrée sur son territoire, a parlé mardi dans un communiqué d'"accusations fantaisistes" et estimé que le rapport était une attaque "visant à ébranler la souveraineté" de l'Erythrée.

"Ces accusations sont simplement une suite et une escalade de la campagne politique voulant saper les progrès sociaux, politiques et économiques que le pays fait, y compris dans le domaine des droits de l'Homme", a assuré le ministère érythréen qualifiant le rapport d'"ignoble calomnie".

Le pays, qui par le passé a accusé la CIA et des ONG d'être à l'origine de tous ses maux, est - après la Syrie - le deuxième fournisseur de migrants qui se risquent à traverser la Méditerranée chaque année pour gagner l'Europe.

Des dizaines de milliers de jeunes Erythréens bravent chaque année les barbelés, les champs de mines et les gardes-frontières armés pour quitter leur pays afin d'échapper à une répression féroce et à un service militaire obligatoire à durée illimitée.

Le rapport de l'ONU se base sur le témoignage de 550 Erythréens vivant à l'étranger ainsi que 160 témoignages écrits.

Selon le rapport, certains des abus commis en Erythrée sont "d'une portée et d'une ampleur qui rarement avaient été observées ailleurs" et "pourraient constituer des crimes contre l'humanité".

L'Erythrée, qui s'est séparée de l'Ethiopie en 1991 après une guerre d'indépendance de près de 30 ans, est désormais "dirigée non pas par la loi mais par la peur", selon le rapport.