Il plaide non coupable.
l'accusé a expliqué que sa détention reposait en partie sur une conversation téléphonique appelant aux massacres qu'un témoin à charge lui avait attribué avant de se rétracter. "Je me demande pourquoi le procureur m'a maintenu en détention", s'est interrogé Semanza qui témoigne depuis mercredi dernier pour sa propre défense. Le témoin avait D'abord dit que Semanza aurait déclaré : "dans tous secteurs, il n'y a plus de complices, ceux qui restent seront tués le lendemain".
Plus tard, le témoin s'était rétracté pour attribuer les propos au successeur de Semanza à la tête de la commune Bicumbi, Juvénal Rugambarara.
"Je voudrais demander à la chambre de me libérer de cette détention", a-t-il plaidé.
Laurent Semanza a été maire de Bicumbi pendant plus de vingt ans, jusqu'en 1993. Le parquet allègue qu'il est resté politiquement "très influent" à Bicumbi et à Gikoro après cette période. Semanza a déclaré qu'après 1993, il ne pouvait donner des ordres à personne. l'accusé a en outre affirmé qu'il avait quitté Bicumbi le 8 avril 1994 pour Gitarama (centre du pays), fuyant l'insécurité.
Le parquet situe l'essentiel des massacres entre le 9 et le 14 avril 1994, à Bicumbi et Gikoro.
Semanza a relevé certaines contradictions des témoins du parquet, qui l'ont accusé D'avoir mené ou organisé des massacres au même moment, le 8 avril 1994, mais à des endroits différents.
l'accusé est défendu par l'avocat américano-camerounais Me Charles Taku, épaulé par un confrère béninois Me Sadikou Alao. Ses défenseurs affirment qu'il est victime D'une "machination politicienne".
Semanza a été arrêté au Cameroun en 1996 et transféré au TPIR en novembre 1997. Il a indiqué à la cour qu'il avait été arrêté injustement, affirmant que le procureur D'alors, la Canadienne Louise Arbour, avait estimé qu'"il n'y avait pas de preuves contre nous".
Semanza a en outre rappelé qu'un tribunal du Cameroun l'avait élargi sur la base D'un manque de preuves, mais qu'il avait été arrêté à nouveau, les autorités judiciaires ayant expliqué avoir reçu "un coup de téléphone". "Je suis le seul à avoir été victime D'injustice devant ce Tribunal", a-t-il dit, affirmant que certains éléments de sa déclaration avaient été "effacés". La chambre D'appel du TPIR a reconnu qu'il y avait eu vice de procédure lors de son arrestation et de sa détention préventive, et a ordonné des compensations lors du jugement en première instance.
l'accusé est le dernier témoin dans cette affaire, ouverte sur le fond le 16 octobre 2000. A la fin du procès, le Tribunal aura entendu cinquante témoins au total, vingt-quatre du parquet et vingt-six de la défense.
Le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge russe Yakov Ostrovsky, et comprenant en outre les juges, George Williams de Saint Kitts et Nevis, et Pavel Dolenc de Slovénie. Les débats se poursuivront mardi matin.
GA/AT/GF/FH (SE-0218A)