Rappelle-lui qu'il est ici pour répondre aux questions dans les marges prévues" a demandé à l'interprête le président de la chambre, le juge tanzanien William Hussein Sekule. Le témoin, dénommé "GAO" pour protéger son identité, est un détenu illettré, qui ne s'exprime qu'en sa langue maternelle, le kinyarwanda.
"Si la chambre ne réagit pas à une question, il [témoin] doit y répondre. Et dis-lui que les deux parties, que ce soit l'accusation ou la défense, ont droit au respect. Le témoin n'a pas le droit de faire des jugements sur la pertinence D'une question lui posée ou D'un document soumis à la chambre par l'une ou l'autre partie" a poursuivi le président.
Le juge Sekule réagissait à une requête du témoin en vue de sanctionner l'avocat américain de Juvénal Kajelijeli, Me Lennox Hinds, alléguant que dans son contre-interrogatoire, il se basait sur un faux document.
Le document en question est le plaidoyer de culpabilité de GAO devant la justice rwandaise en février 1999. Le témoin avait aupravant reconnu son plaidoyer, signalant tout simplement qu'on l'avit daté, par erreur, de 1992.
GAO a revu sa position, déclarant que le document était faux.
M.GAO avait comparu en juillet dernier mais la défense l'a rappelé à la barre après avoir obtenu son plaidoyer devant la justice rwandaise. l'avocat entend tester la crédibilté du témoin.
Ancien membre de la milice Interahamwe de l'ex-parti présidentiel, le MRND, le témoin avait affirmé en juillet dernier avoir participé à l'exécution de plus de 600 Tutsis en 1994, sur ordre de Kajelijeli.
Répondant à une question de Me Hinds, le témoin a avoué avoir menti aux autorités judiciaires rwandaises.
"Au moment où J'ai fait plaidé coupable, je ne savais pas que J'allais être accusé de génocide", a dit M. GAO, soulignant que bien qu'il ait raconté des mensonges au Rwanda, son témoignage devant le TPIR était véridique.
l'avocat a passé au peigne fin le plaidoyer de culpabilité de GAO, qui en a réfuté une grande partie.. "Je n'ai jamais fait une telle déclaration" a répondu à plusieurs reprises le témoin, à la lecture des différents passages du texte.
Le témoin a finalement déclaré qu'il n'était pas l'auteur de ce texte mais que celui-ci avait été rédigé par le président des miliciens Interahamwe dans sa localité.
"Il m'a dit qu'il m'avait cité dans son plaidoyer de culpabilité. Je lui ai alors dit de me rédiger ma propre lettre de culpabilité. Il m'en a fait la lecture, J'ai constaté qu'il y avait des contre-vérités". Le témoin aurait alors fait une seconde déclaration.
"Je me demande pourquoi l'avocat n'a apporté qu'une partie du dossier, laissant à dessein D'autres déclarations, dans lesquelles je mentionnais Kajelijeli", a demandé M.GAO, estimant que la défense voulait lui "tendre un piège".
Le juge président devait à chaque instant le rassurer, précisant que la défense n'avait D'autre but que la recherche de la vérité.
Le Tanzanien William Sekule est assisté dans ce procès par les juges malgache Arlette Ramaroson et lésothan Winston Churchill Matanzima Maqutu. Le témoin devrait poursuivre sa déposition mercredi matin.
BN/AT/DO/FH (KJ_1127A)