15.05.2001 - TPIR/CYANGUGU - UN TEMOIN ACCUSE L’ANCIEN PREFET D’AVOIR JOUE UN RÔLE DANS LES MA

Arusha, le 14 mai 2001 (FH)- Un témoin a affirmé lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avoir exhumé le corps de son père, victime du génocide de 1994. Il a accusé l’ancien préfet de Cyangugu (sud-ouest du Rwanda), Emmanuel Bagambiki, d’avoir joué un rôle dans les massacres.

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Désigné sous le pseudonyme "LCA"pour protéger son identité, le témoin, un Tutsi âgé de 27 ans, vivait à Cyangugu (sud-ouest du Rwanda) en avril 1994.

Le témoin LCA a affirmé avoir appris le déclenchement du génocide "par téléphone" le 7 avril, au lendemain de l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana. "Nous avons fui, ma famille et moi même; je me suis réfugié au groupe scolaire de Gihundwe, puis à la cathédrale de Cyangugu où J'ai rencontré mon père", a indiqué LCA, ajoutant que cela s’était passé entre le 11 et le 12 avril 1994.

Le témoin a affirmé qu'il y avait beaucoup de réfugiés à majorité tutsie à la cathédrale de Cyangugu. "Le 15 avril, le préfet [Emmanuel Bagambiki]est venu nous dire que nous devions nous rendre tous au stade de Kamarampaka", a rapporté le témoin, ajoutant qu'ils avaient été conduits au stade contre leur gré.

Selon M.LAC, les autorités militaires et civiles, dont le préfet, auraient indiqué que seize personnes parmi celles qui se trouvaient au stade, dont le père du témoin, étaient "recherchées en vue D'assurer la protection D'autres réfugiés". Ces personnes auraient été retirées du stade et conduites dans un endroit inconnu, a dit LAC.

Le témoin a signalé avoir revu son père quand ils l'ont exhumé le 28 avril 2000. "Nous l'avons exhumé dans le secteur Mururu, en commune Cyimbogo, dans une latrine", a affirmé le témoin, expliquant qu'il a pu l'identifier "parce que le corps n'était pas totalement décomposé".

Le témoin a indiqué que certains des habits que portait son père étaient toujours sur le corps, mais que "on a procédé à la toilette de tous ces corps, qu'on a rhabillé à nouveau après exhumation". Le parquet a produit un morceau de tissu comme élément de preuve.

Le témoin a affirmé avoir reconnu, devant un enquêteur du TPIR, le corps de son père, après avoir pointé du doigt certains signes distinctifs. Il a notamment parlé D'une cicatrice à la tête, parce que son père "avait été victime D'un accident". Il a également reconnu ses longs doigts, a-t-il dit. Les pieds de la victime avaient en outre été coupés, a poursuivi le témoin.

Sont concernés par ce procès, outre Emmanuel Bagambiki, l'ancien ministre des transports sous le gouvernement intérimaire, André Ntagerura, ainsi que l'ancien commandant de la garnison militaire de Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe. Ils plaident non coupables.

GA/AT/PHD/FH (CY_0514A)