Elle a affirmé que Laurent Semanza avait fait cet appel au cours D'une réunion publique au début de l'année 1994.
"Au cours de cette réunion tenue en février 1994, Semanza a dit :"Les Tutsis de la commune Gikoro seront tués et jetés dans le lac Muhazi, tandis que les Tutsis de Bicumbi seront jetés dans le lac Mugesera, et tous iront rejoindre leurs congénères en Ethiopie D'où ils venus". Je peux jurer au nom de Dieu que je l'ai entendu. J'étais dans la réunion" a rapporté Mme "VC", dont la déposition a commencé mardi.
Le témoin a expliqué que l'accusé avait été invité par l'ex-maire de Gikoro, Paul Bisengimana, pour s'adresser à la population réunie à Rutoma. La réunion était obligatoire et quiconque l'aurait boycottée aurait été arrêté, a signalé VC.
Au cours du contre-interrogatoire conduit mercredi, l'avocat camerounais de Laurent Semanza, Me Charles Taku, a fait remarquer que le témoin faisait plutôt allusion aux déclarations tenues par le professeur Léon Mugesera lors D'un meeting politique en préfecture de Gisenyi (nord-ouest du Rwanda) en 1992.
"Ceci avait été repris par la presse, et tu dois l'avoir toi aussi repris et collé à Semanza " a dit l'avocat au témoin.
Le témoin a par ailleurs indiqué que l'accusé avait convoqué une autre réunion en janvier 1994, au bord du lac Muhazi en commune Gikoro.
Un responsable local qui y avait participé lui aurait rapporté que ladite réunion avait pour objet des massacres de Tutsis. Le témoin a ajouté que des armes à cet effet avaient été déjà distribuées aux responsables locaux.
Mme "VC" a déclaré que quelques jours après cette réunion, les Tutsis ont été harcelés et lapidés. Certains D'entre eux ont été acculés à abandonner leurs domiciles et à passer la nuit dans des buissons, selon le témoin.
Le même témoin a encore affirmé que les autorités prenaient pour ennemis les Tutsis et toute personne qui n'était pas membre de l'ex-parti unique présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND).
Mme "VC" a expliqué qu'un jeune Hutu avait été tué après avoir quitté le MRND pour entrer au Parti libéral (PL, opposition).
Le Tribunal a entamé mercredi soir l'audition du quatrième témoin de l'accusation. Selon lui, l'ancien maire Semanza était très proche de l'ancien président Juvénal Habyarimana.
Au moment des faits qui lui sont reprochés, Laurent Semanza était membre du comité central du parti présidentiel et député désigné de ce parti à l'assemblée nationale de transition, prévue par les accords de paix D'Arusha.
l'accusé comparaît devant la troisième chambre de première instance du TPIR présidée, dans cette affaire, par le juge russe Yakov Ostrovsky.
SW/BN/AT/PHD/FH (SE%1108A)