Lundi matin, seul Ferdinand Nahimana était présent à l'audience. l'avocate canadienne de Barayagwiza, Me Carmelle Marschessault, a expliqué à la cour que son client était convaincu, en se fondant sur des actes précédents du Tribunal, que ce dernier ne pouvait lui assurer un procès équitable.
Jean-Bosco Barayagwiza avait été libéré en novembre 1999 pour vices de procédure par la cour D'appel mais celle-ci avait révisé sa décision au mois de mars dernier et ordonné qu'il soit jugé par le TPIR.
La juge sud-africaine Navanethem Pillay qui présidait les débats a indiqué que "M. Barayagwiza a droit D'être présent à son procès. Mais il a choisi de ne pas y être. Toutes les possibilités lui seront offertes de se présenter à la chambre quand il le souhaitera. Son procès va se poursuivre
même en son absence.".
Pour sa part, Hassan Ngeze a motivé son absence par le manque de traductions en français et en anglais de la totalité des exemplaires du journal Kangura sur lesquels le parquet fonde ses allégations. Kangura était essentiellement écrit en kinyarwanda, la langue nationale rwandaise.
Le Tribunal a décidé que, faute de ressources, seuls les extraits pertinents du journal seront traduits.
Le parquet affirme que les coaccusés ont agi de concert pour commettre le génocide anti-tutsi et l'incitation directe et publique à commettre ce génocide en utilisant les médias de la haine, la RTLM et Kangura. "Dans le but D'assurer une large diffusion de ces appels à la violence ethnique, des personnalités de l'entourage du président Habyarimana mettent sur pied de véritables médias de la haine qui exerceront une grande influence sur la population rwandaise. La création du journal Kangura et de la Radio-télévision libre des mille collines (RTLM) participe de cette stratégie et s'inscrit dans cette logique", note le procureur.
"Dès 1993, les Tutsis et les opposants politiques sont ciblés, clairement identifiés et menacés par ces médias. Plusieurs D'entre eux compteront parmi les premières victimes des massacres D'avril 1994", ajoute le procureur. Le parquet souligne que Barayagwiza est notamment lié à Ngeze par leurs activités au sein du parti extrémiste Coalition pour la défense de la République (CDR), en particulier en préfecture de Gisenyi (ouest du Rwanda), et à Nahimana, par le fait qu'ils ont tous les deux représentés le gouvernement intérimaire à l'étranger.
A l'ouverture du procès, le procureur adjoint du TPIR, le Camerounais Bernard Muna, a présenté les coaccusés comme "des hommes sans honte dans les actes néfastes" de génocide et de crimes contre l'humanité. Quatre personnes étaient, à l'origine, visées dans ce procès, mais l'ancien journaliste italo-belge à la RTLM, Georges Ruggiu, en a été retiré, après qu'il ait entamé une procédure D'aveu. Georges Ruggiu a été condamné à 12 ans D'emprisonnement en juin dernier, après avoir plaidé coupable. Il devrait témoigner dans ce procès.
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