Le parquet a requis l'emprisonnement à vie contre l'accusé, tandis que la défense a plaidé l'acquittement. Au cours de ce procès, le parquet a cité dix-huit témoins et la défense quinze, dont Bagilishema lui-même.
Ignace Bagilishema est défendu par les avocats français, Me François Roux, et mauritanien, Me Maroufa Diabira.
Les avocats ont présenté Ignace Bagilishema comme "un bon bourgmestre" qui s'est consacré au développement de sa commune et à la coexistence pacifique entre les communautés ethniques et les religions. "C'est un homme de passerelles", a souligné Me Roux.
"Tous les moyens de preuve que nous avons apportés vous montrent qu'il a fait ce qu'il a pu" pour sauver des Tutsis persécutés, a plaidé la défense.
Ignace Bagilishema était "un homme seul dans la tourmente", menacé par les assaillants, ont soutenu ses défenseurs. "Qui sauve une vie, sauve l'humanité entière", ont-ils expliqué.
"Ignace Bagilishema regrettera toute sa vie de n'avoir pas pu sauver plus de personnes", ont souligné les avocats.
"Voulez-vous le condamner pour n'avoir pas pu arrêter ce raz-de-marée de foule criminelle qui a déferlé sur Mabanza ?" a demandé la défense. Ignace Bagilishema a fondu en larmes au cours de la plaidoirie.
Prenant lui-même la parole, à la suite de ses avocats, Ignace Bagilishema s'est incliné devant les victimes de la tragédie rwandaise, et a affirmé qu'il n'avait jamais eu une intention de génocide.
"Je ne suis pas génocidaire. Je ne suis pas criminel. J'ai fait tout ce que J'ai pu. J'aurais souhaité faire plus, si J'avais eu les moyens", a-t-il dit.
Le substitut nigérian du procureur, Charles Adéogun-Philips, a soutenu qu'à partir du 12 avril 1994, l'accusé a participé au génocide. Le représentant du parquet a souhaité qu'il soit condamné "comme auteur principal ou comme responsable des actions commises par ses subordonnés".
Me Roux a reproché aux juges D'avoir "tout fait pour donner à l'accusation toutes les chances dans ce procès. Vous n'êtes pas responsable si l'accusation a démontré ses carences", selon lui. La défense a estimé que le parquet n'a pas prouvé, au-delà de tout doute raisonnable, la culpabilité de l'accusé.
Le procès de l'ancien maire de Mabanza a commencé le 28 octobre 1999. Il est jugé par la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Eric Mose, et comprenant en outre les juges sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana, et turc Mehmet Güney.
Les juges se sont rendus au Rwanda au mois de novembre 1999 pour visiter les sites des crimes allégués.
Ignace Bagilishema, 45 ans, a été arrêté en Afrique du Sud au mois de février 1999 et transféré à Arusha. l'accusé a été maire de Mabanza de février 1980 à juillet 1994. Auparavant, il avait été fonctionnaire au ministère de la jeunesse.
"Le jugement sera rendu à une date dont les parties seront informées ultérieurement", a indiqué le président de la chambre.
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