Condamné le 4 septembre 1998 à la réclusion à perpétuité après un "accord aux fins D'un aveu de culpabilité", conclu avec le parquet, l'ancien premier ministre a comparu mardi devant la chambre D'appel pour réfuter cet accord.. l'audience à cet effet devrait durer trois jours.
"Avant et après la signature de l'accord" a dit Jean Kambanda, "J'ai fait des déclarations, je suis prêt à les répéter devant le tribunal s'il le faut, mais je ne suis pas D'accord avec un document élaboré sous une forme de supercherie".
l'ancien premier ministre a par ailleurs déclaré qu'il portait la responsabilité de toutes ses déclarations devant les enquêteurs du parquet et qu'il était disposé à faire face à un procès devant le tribunal..
"Depuis le début, J'ai dit que je me sentais responsable politiquement et que je voulais expliquer pourquoi il y a eu autant de morts au Rwanda. J'étais premier ministre pendant le génocide, D'où ma responsabilité politique, et c'est de cela que je parle, a-t-il poursuivi.
"Des millions de personnes sont mortes des deux côtés en conflit au Rwanda, mais je confirme que je ne suis pas à l'origine de ce qui s'est passé, malgré que J'étais là", a ajouté Jean Kambanda, avant D'affirmer qu'il était "un des rares détenus à admettre qu'il y a eu génocide au Rwanda."
Jean Kambanda a cependant précisé que "quand on parle de génocide, on oublie que des milliers de Hutus, modérés ou pas, et de Twas, ont été assassinés". "On devrait parler de tout cela et rechercher les coupables", a-t-il poursuivi.
Au cours du contre interrogatoire, Jean Kambanda a admis avoir compris la teneur de l'accord aux fins de l'aveu de culpabilité, mais a ajouté que "je ne me sentais pas concerné car J'estimais que je n'étais pas représenté dans cette affaire."
"Je l'ai signé dans un contexte et c'est ce contexte là que je veux que l'on garde en tête", a plaidé Jean Kambanda.
l'ancien premier ministre a fait valoir que le greffe du TPIR lui avait refusé l'avocat de son choix, le Belge Me Johan Scheers, et que "il y a eu un laisser faire des juges". "Il ne me restait qu'un choix, signer et quitter Dodoma [...] Je comprends ce que le procureur a voulu de moi, ce n'était pas ma volonté, mais sa volonté [...] J'ai signé un document auquel je ne crois pas, ce document ne m'a jamais intéressé, je voulais quitter Dodoma et voir la lumière", a-t-il ajouté.
Jean Kambanda a cependant affirmé que les conditions de détention dans la ville tanzanienne de Dodoma étaient "agréables", mais que la question était "pourquoi suis-je tout seul ici?". "J'ai été isolé et c'est cela qui m'a rendu vulnérable car les autres ont pensé que J'étais devenu un traître."
Jean Kambanda était premier ministre du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide anti- tutsi et les massacres D'opposants en 1994.
Il avait reconnu être coupable de génocide, entente en vue de commettre le génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, complicité dans le génocide et crimes contre l'humanité.
A travers leurs questions complémentaires, les juges ont notamment exprimé leur étonnement du fait que Jean Kambanda a accepté la responsabilité du génocide sous prétexte de ne pas avoir eu un avocat de son choix, alors qu'au moment de son plaidoyer de culpabilité, il avait l'occasion de reposer le problème.
CR/PHD/FH (KM%0627B)