Selon l'acte D'accusation, "le 18 avril 1994, Ignace Bagilishema, agissant de concert avec D'autres [...] ont amené des éléments de la gendarmerie nationale, de la police communale, des Interahamwe [miliciens de l'ex-parti présidentiel] et des civils armés au stade, leur ordonnant D'attaquer les personnes qui s'y étaient réfugiés. En outre, les 18 et 19 avril 1994, Bagilishema a personnellement attaqué et tué des personnes qui s'étaient réfugiés dans le stade, à Kibuye".
Désigné sous le pseudonyme "CP" pour protéger son anonymat, le témoin a expliqué qu'il a vu les assaillants au moment de leur entrée dans la ville de Kibuye, et qu'il a assisté, de loin, à l'attaque contre le home Saint-Jean et l'église de Kibuye le 17 avril.
Il a également indiqué que les assaillants l'ont croisé au stade Gatwaro le 18 avril 1994, alors qu'il revenait de l'hôpital voisin, soulignant que l'accusé n'était pas parmi eux.
"Je connaissais le véhicule de la commune Mabanza, une Hilux de couleur bleue tendant vers le noir; Bagilishema m'est connu depuis qu'il était bourgmestre, je le reconnaîtrais dans n'importe quel accoutrement, J'affirme que je ne l'ai pas vu ce jour-là, que je n'ai pas vu le véhicule de la commune Mabanza. Je n'ai D'ailleurs vu aucun autre véhicule" a déclaré le témoin qui s'exprimait en sa langue maternelle, le kinyarwanda.
M.CP, un Hutu de trente ans, ancien fonctionnaire à la préfecture de Kibuye, a précisé que les assaillants étaient des "Abakiga" [nordistes], auxquels s'étaient joints "quelques voyous de la ville de Kibuye".
Au cours du contre-interrogatoire, le témoin a déclaré avoir été lui-même bouleversé de voir que ni la gendarmerie, ni les autorités préfectorales et communales locales, présentes pourtant dans la ville de Kibuye, ne sont pas intervenues sur les différents sites de massacres pour contrer les assaillants.
Les témoins de la défense présentent Ignace Bagilishema comme un homme intègre, "qui était respecté par sa population, et qui la respectait également"
Mardi, le onzième témoin à décharge avait soutenu que Bagilishema avait octroyé des cartes D'identité portant la mention "hutu" aux Tutsis, en vue de les protéger.
M."WE" a affirmé en avoir été témoin, expliquant que lui-même avait apporté de telles cartes, reçues de l'accusé, à des personnes menacées, originaires de Mabanza, résidant à Kigali.
La déposition du dixième témoin, mardi dans l'avant-midi, s'est déroulée entièrement à huis-clos.
Le Tribunal entendra jeudi matin le treizième témoin de la défense. Ignace Bagilishema devrait citer vingt témoins, dont deux experts.
La défense de Bagilishema a affirmé qu'un de ses témoins "a disparu" au Rwanda et que D'autres craignaient de venir déposer pour des raisons de sécurité. Les avocats ont demandé à la cour de tabler sur leurs déclarations écrites.
Ignace Bagilishema est défendu par les avocats français, Me François Roux, et mauritanien, Me Maroufa Diabira.
Ignace Bagilishema est poursuivi pour génocide, divers crimes contre l'humanité, et pour crimes de guerre.
Son procès a commencé le 27 septembre 1999 devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose et comprenant en outre les juges sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana et turc Mehmet Güney.
BN/AT/PHD/FH (BS%0524A )