Un million de personnes ont été tuées au Rwanda entre avril et juillet 1994, selon un bilan établi par le gouvernement.
"Ceci est un autre pas important dans notre mission d'accélérer le travail de notre système judiciaire", a déclaré à l'agence Hirondelle, Hannington Tayebwa, chargé des relations publiques au ministère rwandais de la justice.
Le prononcé du jugement aura lieu à Gikonko (environ 130 km au sud de Kigali, la capitale rwandaise).
Les chambre spécialisées qui jugent les suspects de génocide font souvent des "itinérances" vers les lieux des crimes allégués, en vue de rapprocher la justice des justiciables.
Ce procès groupé a commencé en juillet 2001. Cependant, il a été plusieurs fois ajourné suite au lancement des juridictions semi-traditionnelles, les gacaca. L'affaire est en délibéré depuis mai 2003. Les débats ont duré six mois.
"Nous avons ici le procès des meneurs des massacres de civils innocents dans cette communauté", a affirmé Jean-Marie Louis Ndete, procureur de la République à Butare. "Nous avons un pasteur, des anciens responsables locaux, des dirigeants de la jeunesse, des paysans et beaucoup d'autres catégories de personnes", a-t-il expliqué.
Environ 50.000 personnes ont été tuées dans le district de Gikonko pendant le génocide.
24 accusés dans cette affaire ont plaidé coupable. Deux accusés se sont, quant à eux, évadés; un autre est décédé.
L'organisation de procès collectifs a été souvent critiquée. Avocats sans Frontières (ASF) a récemment déclaré à l'agence Hirondelle que la qualité de la justice dans ce genre de procès est discutable.
"C'est très difficile (pour les juges) de suivre", avait estimé Hugo Jombwe Moudiki d'ASF. Pour lui, "autour de 10 (accusés) c'est bien, mais au-delà, c'est très délicat", a-t-il souligné.
"Je ne suis pas d'accord avec ça", a pour sa part déclaré Hannington Tayebwa. Pour lui, "les juges seront guidés par ce qui est dans le dossier. Après tout, le jugement sera motivé".
Deux procureurs sont en charge de cette affaire. L'un d'eux, Appolinaire Gakombe, a réfuté l'idée selon laquelle il est difficile d'apporter des preuves contre 142 accusés. "Ce qui est important est d'avoir maîtrisé l'affaire. Nous l'avons fait et nous sommes arrivés au bout sans difficultés", a-t-il indiqué.
Le représentant du ministère public a ajouté qu'il connaissait parfaitement les accusations portées contre chacun des suspects. Pour lui, le fait que certains ont plaidé coupable a également facilité la tâche de l'accusation.
Le Rwanda devrait juger environ 100.000 personnes accusées de génocide.
AT/GG/GF/FH(RW'0730A)