Tchétchène expulsé vers la Russie : deux plaintes dont une contre Darmanin

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Deux plaintes ont été adressées lundi à la justice française, visant le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et deux préfets, après l'expulsion controversée d'un Tchétchène vers la Russie début avril, a appris l'AFP auprès d'un avocat de la famille.

Magomed Gadaev, 36 ans, un opposant au dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, a été expulsé de France vers la Russie le 9 avril, le ministère de l'Intérieur justifiant cette mesure en avançant "ses liens de longue date avec la mouvance islamiste et du jihad international".

Les deux plaintes, déposées par des membres de la famille de M. Gadaev, visent les infractions de "mise en danger délibérée de la vie d'autrui" et la complicité "d'actes de torture et de barbarie", de "disparition forcée et de "détention arbitraire".

La première plainte, visant Gérald Darmanin, a été adressée à la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à juger des actions des membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions.

Une seconde plainte avec constitution de partie civile, visant à la désignation directe d'un juge d'instruction, a été adressée au pôle Crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocides du tribunal judiciaire de Paris.

Elle vise notamment les préfets de Haute-Vienne et de Paris, MM. Seymour Morsy et Didier Lallement.

Magomed Gadaev a été expulsé le 9 avril vers la Russie malgré un avis de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA), qui affirmait le 10 mars qu'une expulsion vers la Russie était contraire au droit international.

Amnesty International a "condamné fermement" cette expulsion. Le Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées a été saisi "afin d'aider la famille de M. Gadaev à découvrir ce qui lui est arrivé et l'endroit exact où il se trouve", indique Me Arié Alimi dans un communiqué.

"Les dernières informations récoltées ont permis de découvrir que M. Gadaev est détenu arbitrairement au centre de détention d'Ourous-Martan", en république russe de Tchétchénie, s'inquiète Me Alimi.

"Cet établissement pénitentiaire est tristement connu pour les actes inhumains et dégradants qui y sont pratiqués. Sa vie est en grave danger ; il risque très probablement d'être torturé et soumis à des mauvais traitements", ajoute l'avocat.

M. Gadaev a obtenu en 2010 le statut de réfugié en Pologne, puis s'est rendu en France en 2011 où il a été "fiché S" dès son arrivée, "en raison de son passé militaire" selon son avocat.