"Je dois rappeler aussi un fait nouveau", a poursuivi le président du CLADHO, "car c'est la première fois qu'une personne est reconnue coupable de torture sexuelle comme crime contre l'humanité. [...] Les femmes africaines ont été trop souvent victimes de viols et de torture sexuelle, qui n'étaient même pas avoués, ni même punis."
"Jean-Paul Akayesu est donc le premier qui va être puni pour cela et les femmes rwandaises vont pouvoir pour la première fois oser dire ce qui leur est arrivé" a conclu le président du CLADHO.
Le secrétaire général de l'Association de soutien aux rescapés du génocide (ASRG), Philibert Musima, a lui aussi fait part de sa "satisfaction" à l'Agence Hirondelle, dès lors que "la communauté internationale reconnaît enfin l'existence du génocide".
"Même si cette reconnaissance était effective depuis la création du TPIR", a-t-il précisé, "désormais, il n'y aura plus de doute et de contestation là-dessus".
"Nous sommes aussi satisfaits parce que les jugements du TPIR vont nous encourager à éradiquer la culture de l'impunité" a poursuivi Philibert Musima, avant d'ajouter: "Cependant, on ne peut pas ne pas souligner la lenteur du TPIR. Depuis sa création, il n'a rendu que deux jugements".
Enfin, le secrétaire général de l'ASRG a souligné que "le TPIR ne devrait pas punir les coupables sans consoler les victimes. Je ne vois pas pourquoi le TPIR n'accepte pas les plaintes pour dommages moraux" a-t-il conclu.
Jugement retransmis en direct au RWANDA,Le ministre rwandais de la justice, Faustin Nteziryayo, a par ailleurs déclaré sur les ondes de Radio Rwanda, la radio gouvernementale qui avait retransmis le jugement de Jean Kambanda en direct, que cette condamnation constitue "un cas appréciable", ajoutant que "pour une fois, le TPIR juge un génocidaire rwandais".
Interrogée par l'Agence Hirondelle à Arusha, l'ambassadrice du Rwanda en Tanzanie, Joy Mukanyange, a estimé que "ce jugement prouve que le génocide a été organisé par l'Etat. C'est très significatif pour tout l'avenir de l'histoire du Rwanda" a-t-elle indiqué, avant d'ajouter :"Nous devons dire au monde que ces actes ne peuvent être tolérés".
Pour la diplomate rwandaise, "Jean Kambanda aurait pu être condamné à mort au Rwanda, mais l'important, c'est que justice soit faite" a-t-elle conclu.
Mercredi, près de trois ans après son arrestation en Zambie, l'ancien maire de Taba, Jean-Paul Akayesu, était déclaré coupable de génocide et de crimes contre l'humanité au terme d'un procès de quinze mois.
Vendredi, plus d'un an après son arrestation au Kenya, l'ancien premier ministre rwandais Jean Kambanda, qui avait plaidé coupable le 1er mai dernier, a été condamné en première instance à la réclusion à perpétuité pour génocide et crimes contre l'humanité. Ses aveux avaient rendu superflu la présentation de preuve et de témoins.
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