Des milliers de Cambodgiens ont assisté vendredi aux obsèques nationales en grande pompe du président du Sénat, un proche du Premier ministre Hun Sen et ancien responsable local khmer rouge comme lui.
Hun Sen, qui tient les rênes du pouvoir d'une main de fer depuis trente ans, a rendu hommage à Chea Sim, décédé à l'âge de 82 ans, évoquant "une figure de premier plan des instances dirigeantes du pays".
Président du Sénat depuis 1999, il était aussi depuis 1991 à la tête du Parti du Peuple au pouvoir. Hun Sen lui succède à cette dernière fonction.
Comme lui, cet ancien responsable local du régime Khmer rouge avait fait défection, au crépuscule d'un régime ayant fait deux millions de morts entre 1975 et 1979.
Selon l'ONG Human Rights Watch, au poste de secrétaire local du parti, il était au courant des crimes contre l'humanité commis dans son district.
Hun Sen s'oppose ouvertement à tout nouveaux procès d'anciens dirigeants khmers rouges devant le Tribunal spécial de Phnom Penh.
"Les preuves (contre Chea Sim) n'ont pas été sérieusement étudiées en raison du contrôle exercé sur la Cour par le Premier ministre Hun Sen", avait accusé l'ONG basée à New York dans un communiqué publié au lendemain de la mort de Chea Sim, suscitant la colère de Phnom Penh.
Au côté du roi Norodom Sihamoni, Hun Sen a salué vendredi Chea Sim comme un artisan de la "libération de la Nation du régime génocidaire de Pol Pot".
La municipalité de Phnom Penh a assuré que 40.000 personnes avaient assisté aux funérailles, retransmises à la télévision nationale. Parmi elles, de nombreux étudiants et fonctionnaires, acheminés par bus, auxquels le régime avait donné un jour chômé pour pouvoir participer à l'événement.