LE RWANDA AVAIT RAISON DE SUSPENDRE SA COOPERATION, SELON SON REPRESENTANT AUPRES DU TPIR.

Arusha, 18 février 2000(FH) - Le gouvernement rwandais avait raison de suspendre sa coopération avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a déclaré jeudi son représentant auprès de la juridiction internationale. "La reprise de la coopération ne devrait pas être interprétée comme une abdication du gouvernement rwandais, ni comme la reconnaissance d'une erreur quelconque qu'il aurait commise" a notamment indiqué Martin Ngoga à la presse.

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"Nous avons repris la coopération simplement parce que les autorités concernées du Tribunal ont pris des mesures significatives en vue de la normalisation de la situation et nous attendons une meilleure décision", a-t-il expliqué. Kigali avait suspendu sa coopération après une décision de la Chambre d'appel ordonnant la mise en liberté de Jean Bosco Barayagwiza, pour vices de procédure. Peu après, le nouveau Procureur du TPIR, Carla Del Ponte a annoncé qu'elle avait demandé la révision de la décision, en se basant sur "de nouveaux faits". La Chambre d'Appel a accepté la requête qui devrait être défendue mardi prochain.

M. Ngoga qui s'adressait à la presse au siège du Tribunal à Arusha, a indiqué que le gouvernement rwandais devrait, à cette occasion, comparaître comme "amicus curiae" (ami de la cour), et une équipe de juristes de Kigali, dont le Procureur Général, Gérard Gahima, est attendue incessamment, pour la cause. Le Rwanda devrait notamment soutenir que, si Barayagwiza devait être libéré, il soit renvoyé au Rwanda et non au Cameroun, où il avait d'abord été détenu.

La Chambre d'appel a ordonné que le Rwanda pouvait comparaître comme amicus curiae, le cas échéant. "Nous serons dans la Cour, mais quant à plaider ou pas, nous le saurons plus tard," a dit Ngoga.

Le Rwanda a annoncé le 10 février qu'il reprenait officiellement sa coopération avec le TPIR, mais il a souligné que la décision dans l'affaire Barayagwiza resterait déterminante dans leurs relations futures. Martin Ngoga s'est refusé à dire si le gouvernement rwandais romprait encore ses relations si la Chambre d'appel venait à maintenir sa décision.

Le représentant du Rwanda a nié le fait que la suspension de la coopération constituerait une pression politique ou un chantage. "Ce n'est pas question de politiser le génocide ou de faire pression sur le Tribunal, il s'agit plutôt de demander à la communauté internationale de faire ce qu'elle est supposée faire, en rapport avec ce qui s'est passé au Rwanda", a souligné Martin Ngoga.

"Nous nous trouvions devant une procédure qui était utilisée pour bloquer l'objectif visé, pour empêcher les procès des accusés de génocide (...). Le Tribunal a une série d'objectifs qu'il doit remplir, or s'il se tourne lui-même en un corps qui ne peut pas remplir ces objectifs, il devient inutile pour bon nombre du peuple rwandais. Ce n'était donc pas un chantage, mais une réaction évidente compte tenu des circonstances" a expliqué le représentant rwandais.

Il a néanmoins indiqué que sa présence à Arusha était un signe que "le gouvernement rwandais veut être présent et participer pleinement en suivant de près les activités du Tribunal, parce qu'il n'y a pas de doute que c'est le gouvernement rwandais et le peuple rwandais qui sont les mieux concernés (...) Nous voulons dire au peuple rwandais que nous avons suivi les activités du Tribunal, que nous l'avons félicité là où il a bien fait, et que nous l'avons corrigé là où il a fait des erreurs".

Le représentant rwandais s'est en outre félicité des récentes arrestations en Europe, de suspects de génocide. Depuis décembre dernier, deux suspects ont été arrêtés en France, un en Belgique, un en Angleterre, et un autre au Danemark.

BN/PHD./FH (RW%0219A)