"Ce serait de la spéculation si je me mettais maintenant à vous parler de mes attributions exactes, car nous sommes encore en train de les définir", a indiqué Martin Ngoga, dans une interview téléphonique mardi avec l'agence indépendante de presse Hirondelle.
Martin Ngoga a précisé que le ministre de la justice, Jean de Dieu Mucyo, et lui-même, étaient en train de travailler sur son cahier de charges avant qu'il ne vienne à Arusha prendre ses nouvelles fonctions.
Le porte-parole du TPIR, le Nigérian Kingsley Moghalu, s'est félicité mardi de cette nomination, expliquant qu'il s'agissait "d'un suivi des discussions tenues en août 1998 à Kigali entre le greffier du TPIR et des représentants du gouvernement rwandais"
"Ils ont exprimé un intérêt à nommer un agent de liaison et nous leur avons répondu que nous n'avions pas d'objections" a poursuivi Kingsley Moghalu. Le porte-parole du TPIR a ajouté que le greffier était "très heureux" de cette nomination qui, selon lui, constitue "un des signes de l'amélioration des relations entre le TPIR et le gouvernement rwandais".
Kingsley Moghalu a cependant relevé qu'il n'y avait pas eu, à sa connaissance, de consultations bilatérales sur la question depuis août 1998, signalant que le Tribunal n'avait pas encore été informé officiellement de la nomination de Martin Ngoga. "Nous lui faciliterons la tâche autant que possible" a toutefois affirmé le porte-parole du TPIR.
Le TPIR a été longtemps critiqué par les autorités rwandaises pour sa lenteur, mais leurs relations se sont sensiblement améliorées depuis que cette juridiction internationale a rendu ses premiers jugements, notent les observateurs.
Les Nations Unies et le Rwanda ont signé en juin dernier un mémorandum d'entente "aux fins de règlement des questions d'intérêt mutuel concernant le bureau au Rwanda du Tribunal pénal international pour le Rwanda".
Aux termes de ce mémorandum, le gouvernement rwandais offre au personnel du TPIR des facilités incluant la liberté totale de circulation sur son territoire, l'accès à toute la documentation nécessaire, le droit d'interroger les victimes et les témoins, et celui d'entrer directement en contact avec les autorités à tous les niveaux y compris l'armée.
Les observateurs notent par ailleurs le souci du TPIR d'améliorer sa visibilité au Rwanda. Le 1er novembre prochain, la chambre de première instance qui juge l'ancien maire de Mabanza (préfecture Kibuye, ouest du Rwanda), Ignace Bagilishema, devrait se rendre au Rwanda pour visiter les lieux des crimes allégués. C'est la première fois qu'un transport de justice sera organisé par le TPIR, depuis sa création en novembre 1994.
Les équipes de la défense ont de leur côté, après une période de réticence, entrepris cette année de se rendre au Rwanda. Trois équipes s'y sont déjà rendues et d'autres descentes d'avocats sont programmées, indique-t-on de bonne source au TPIR.
CR/AT/FH (RW§1005A )