01.07.07 - TPIR/BIKINDI - LA DEFENSE DU CHANTEUR SIMON BIKINDI S’OUVRE EN SEPTEMBRE

Arusha, 01 juillet 2007 (FH) - La défense du célèbre chanteur rwandais Simon Bikindi accusé notamment d’avoir, par le biais de ses œuvres, incité à commettre le génocide, s’ouvrira le 24 septembre prochain devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a-t-on appris de source judiciaire.

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Initialement fixé au 11 juin dernier, le début de la présentation des moyens à décharge a été reporté deux fois suite à un changement de l’avocat principal. Agé aujourd’hui de 53 ans, ce musicien très populaire en son temps et qui chantait encore lors de son arrestation en juillet 2001 aux Pays Bas, est également accusé d’entente en vue de commettre le génocide, de génocide ou de complicité de génocide, d’assassinat et de persécution. La défense devrait s’achever lors de cette prochaine session qui durera jusqu’au 9 novembre, selon une décision judiciaire rendue mardi et communiquée jeudi à l’agence Hirondelle. Les chansons incriminées sont Twasezereye ingoma ya cyami (Nous avons dit adieu à la monarchie) exécutée pour la première fois en 1987, à l’occasion du 25ième anniversaire de l’indépendance, Akabyutso (le Petit réveil) et Impuruza (l’Alerte) composées en 1992. Ce sont là les titres originaux de l’auteur mais, pour le Rwandais moyen qui les a entendues presque chaque jour sur les ondes de la Radio- télévision libre des mille collines (RTLM) en 1993-1994, les deux dernières chansons s’intitulent respectivement « Nanga Abahutu » (Je déteste les Hutus) et "Bene Sebahinzi" (Les descendants du Père des cultivateurs).Dans la première chanson, Twasezereye ingoma ya cyami, Bikindi, en termes explicites, fustige la monarchie renversée en 1959, célèbre la fin du féodalisme et de la colonisation et le recouvrement de l’indépendance en 1962. La dénonciation du régime féodo- monarchique, revient dans les deux autres chansons, mais dans un registre hautement littéraire et parfois sibyllin, où l’auteur mêle plusieurs genres. Dans « Nanga Abahutu », il dit sa haine des Hutus cupides, des Hutus à la mémoire courte, des Hutus qui méprisent d’autres Hutus, …Dans la dernière chanson, la plus longue des trois, un devin conseille à un homme venu le consulter l’unité des « Fils du Père des Cultivateurs. » Les 14 et 15 février derniers, suite à un conflit avec son avocat principal, le Kényan Wilfred Nderitu dont il s’est séparé depuis, Bikindi, en personne, a pris en main la défense de ses œuvres, en contre - interrogeant un linguiste rwandais, Jean de Dieu Karangwa, cité comme expert par l’accusation. Pour l’expert, qui reconnaît « le talent et l’aura » de son compatriote, ces compositions ne sont ni plus ni moins que des appels aux Hutus, « les Fils de l’ancêtre des cultivateurs », à s’unir contre les Tutsis, traditionnellement considérés comme des éleveurs de gros bétail.L’accusé, qui entend lui aussi citer au moins un témoin expert, a déclaré que pour lui, « les Fils du Père des cultivateurs sont constitués indistinctement par cette masse de paysans hutus, tutsis ou twas ». La chambre qui devra les départager est présidée par la juge argentine Inés Weinberg de Roca, assistée de la Camerounaise Florence Rita Arrey et du Tchèque Robert Fremr. La phase accusatoire du procès a été close le 22 février 2007 au terme de la comparution de 20 témoins à charge. Pour la deuxième étape du procès, l’équipe de défense sera dirigée par le Sud- Africain, Andreas O’Shea tandis que le Camerounais William Egbe continuera à diriger le banc du procureur. Le procès proprement dit a commencé le 18 septembre 2006. ER/AT/GF © Agence Hirondelle