Le ministre libanais de la Justice a exigé une enquête complète et a annoncé l'arrestation dimanche de deux gardiens après la diffusion d'une vidéo montrant l'un d'eux frappant des détenus dans la plus grande prison du pays.
Il a estimé que leur comportement, tel qu'il apparaît sur les deux vidéos circulant sur les réseaux sociaux depuis samedi, "était un crime contre la nation et l'humanité".
"Nous allons mener l'enquête jusqu'à son terme. Ce crime ne peut pas rester impuni. Deux de ceux qui ont commis ces actes ont déjà été arrêtés ", a dit Achraf Rifi, cité par l'Agence nationale d'information (ANI).
Les deux vidéos, filmées apparemment avec des téléphones portables, montrent des gardiens de la prison de Roumié, dans la banlieue de Beyrouth, humiliant des prisonniers et les frappant avec de tuyaux en plastique.
Dans une vidéo, un détenu est allongé sur le sol trempé en slip et les mains attachées derrière son dos. Celui qui le frappe avec un tuyau vert lui demande de quoi il est accusé et ce dernier répond "d'avoir transporté des terroristes".
Celui qui filme encourage son collègue à continuer et demande au prisonnier d'embrasser la chaussure de son tortionnaire.
Dans une autre vidéo, une dizaine de prisonniers, en caleçon avec les mains liées derrière le dos, sont assis sur le sol.
Un gardien est vu en train de frapper au moins deux prisonniers, criant à l'adresse de l'un d'eux: "Baisse ta voix sinon je vais t'énucléer".
La prison de Roumié est la plus large prison du pays et celle qui possède une sale réputation en raison des conditions déplorables de détention dans certains blocs, à cause notamment d'une surpopulation.
D'autres quartiers étaient devenus, jusqu'à il y a quelques mois, quasiment interdits aux gardiens avec des prisonniers qui géraient leurs affaires, disposant d'ordinateurs, de téléphones portables et de l'argent.
Mais en janvier, les forces de sécurité avaient perquisitionné le bloc B où sont détenus des nombreux chefs islamistes, après avoir accusé certains détenus d'être liés à un double attentat suicidé dans la ville septentrionale de Tripoli.
En avril, une révolte avait éclaté dans cette prison avant d'être matée. Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk a affirmé dimanche qu'à son avis ces vidéos avaient été filmées à cette époque.
Lors d'une conférence de presse, il a promis que ceux qui sont impliqués dans cette affaire devront rendre des comptes.