La Serbie a demandé aux autorités suisses l'extradition de Naser Oric, un ancien commandant des troupes musulmans de Srebrenica durant la guerre de Bosnie (1992-95), arrêté récemment à la demande de Belgrade qui l'accuse de crimes de guerre.
La décision de Belgrade de réclamer l'extradition d'Oric, alors que des responsables politiques musulmans de Bosnie espéraient que la Serbie allait y renoncer, risque d'envenimer davantage les relations entre les deux pays, à trois semaines des commémorations du 20e anniversaire du massacre de Srebrenica, lorsque les forces serbes de Bosnie ont tués près de 8.000 musulmans en juillet 1995, une tuerie qualifiée de génocide par la justice internationale.
"La demande d'extradition est accompagnée d'une documentation du parquet sur les soupçons de crimes de guerre qui pèsent" sur Oric, a indiqué dimanche l'agence officielle serbe Tanjug, citant le ministère serbe de la Justice.
Naser Oric, 48 ans, a été arrêté le 10 juin dans la région de Genève et placé en détention en vue de son extradition éventuelle vers la Serbie.
Son arrestation a provoqué de vives réactions en Bosnie, dont le membre musulman de la présidence collégiale (serbe, croate, musulman), Bakir Izetbegovic, a aussitôt réclamé le report de la visite à Sarajevo, prévue le 16 juin, du président serbe Tomislav Nikolic, qui a finalement été annulée.
La Serbie avait émis en 2014 un mandat d'arrêt international contre Oric.
Dans un message transmis par le maire musulman de Srebrenica, Camil Durakovic, qui lui a rendu visite en détention en Suisse, Naser Oric a affirmé qu'il ne se rendrait pas vivant en Serbie.
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) avait condamné Naser Oric à deux ans de prison en 2006, pour ne pas avoir empêché des mauvais traitements et des meurtres à l'encontre de la population serbe, mais il l'avait acquitté en appel en 2008.