Substitut du procureur à Cyangugu dans le sud-ouest du Rwanda en 1994, Nshamihigo, 47 ans, est poursuivi pour des massacres de Tutsis sur plusieurs sites dans cette région, notamment à l’église de Nyamasheke. Le témoin a déclaré qu’il se trouvait à Nyamasheke au moment de l’attaque, le 15 avril 1994, et qu’il n’avait pas vu Nshamihigo sur les lieux. « Non, je ne l’y ai pas vu », a affirmé ce témoin qui déposait sous anonymat pour des raisons de sécurité. Il répondait aux questions de l’avocat principal de l’accusé, Me Denis Turcotte (Canada). Le procureur allègue qu’en collaboration avec certains dignitaires locaux, Nshamihigo aurait ordonné aux miliciens affiliés au parti au pouvoir, les Interahamwe, de tuer les Tutsis réfugiés notamment à l’église de Nyamasheke. Nshamihigo aurait personnellement dirigé les attaques. Le témoin a rapporté que l’attaque sur Nyamasheke avait été planifiée par un certain Pima, un homme étranger à la localité. Selon lui, Pima a d’abord rassemblé les assaillants à proximité de l’église, les a organisés et les a encadrés lors de l’assaut qui a duré environ deux heures. Les assaillants étaient armés de lances et de machettes mais aussi de fusils et de grenades, a déclaré le témoin. « Il y avait des gens qui tiraient à travers les fenêtres de l’église. Il y en avait qui étaient en train de forcer les portes jusqu’à ce que les réfugiés sortent. Lorsqu’ils sortaient de l’église, ils étaient tués », a indiqué le témoin. La stratégie de Nshamihigo est de citer des témoins directs des massacres pour prouver qu’il n’y a pas participé. Nshamihigo a été arrêté en mai 2001 alors qu’il était enquêteur de la défense dans une autre affaire qui était en cours devant le TPIR. Son propre procès a commencé le 25 septembre 2006. Le procureur a terminé son accusation le 29 janvier 2007 après avoir cité vingt quatre témoins. Nshamihigo fait comparaître des témoins à décharge depuis le 23 avril. Il devrait clôturer sa preuve le 21 septembre après avoir appelé à la barre autour de quarante témoins. Il est jugé par une chambre présidée par Dennis Byron, un juge originaire de Saint-Kitts et Nevis, également président du TPIR. Le juge Byron est assisté du juge burkinabé Gberdao Gustave Kam et d’un collègue tchèque Robert Fremr. Le juge Kam, qui a été absent toute la semaine dernière pour des raisons de santé, a rejoint ses pairs lundi. AT/PB/GF © Agence Hirondelle