Le parquet de l'Audience nationale, juridiction espagnole chargée d'instruire les affaires complexes, a requis la remise à l'Espagne du chef des services de renseignement rwandais Emmanuel Karenzi Karake, interpellé à Londres en vertu d'un mandat d'arrêt espagnol.
"Le parquet a demandé au tribunal central d'instruction numéro quatre (dépendant de l'Audience nationale) qu'il demande sa remise aux autorités de Londres", a déclaré une source judiciaire à l'AFP.
L'audience nationale n'était cependant pas en mesure de préciser quand cette instance se prononcerait.
Le général Karake, âgé de 54 ans, a été arrêté par des agents de l'unité chargée des extraditions de la police londonienne à l'aéroport de Heathrow samedi, en exécution d'un mandat d'arrêt espagnol.
Le militaire rwandais a comparu devant un tribunal londonien dès samedi et a été placé en détention jusqu'à jeudi, date à laquelle il doit de nouveau comparaître devant la justice.
La justice espagnole enquêtait depuis 2008 sur des faits de génocide, crimes de guerre, crimes contre l'humanité et terrorisme en lien avec le conflit rwandais et c'est dans ce cadre qu'un juge de l'Audience nationale avait lancé un mandat d'arrêt visant 40 responsables rwandais dont Emmanuel Karenzi Karake.
Le général faisait partie du cercle très restreint des chefs militaires de haut rang du Front patriotique rwandais (FPR), ancienne rébellion majoritairement tutsi dirigée par Paul Kagame, qui a mis fin au génocide des Tutsi de 1994 et dirige le pays depuis lors.
Le génocide fut déclenché en avril 1994 par le régime extrémiste hutu et fit 800.000 morts, essentiellement dans la minorité tutsi.
Toutefois des exactions ont également été commises à l'encontre des Hutu pendant et après la rébellion.
Le juge Fernando Andreu avait notifié en octobre 2014 la fin de son instruction, sans autre nouveauté, selon une porte-parole de l'Audience nationale.
Dans l'intervalle, les volets ayant trait au génocide, aux crimes contre l'humanité et aux crimes de guerre ont été classés, en application d'une nouvelle législation restreignant considérablement la portée de la loi sur la justice universelle en vigueur en Espagne.
Seul le volet de l'enquête pour des crimes de terrorisme concernant la mort ou la disparition de huit Espagnols au Rwanda est encore valable, a précisé la source judiciaire.