Les cérémonies marquant le 20e anniversaire du massacre de Srebrenica, en Bosnie orientale, risquent d'être annulées en raison de l'arrestation récente en Suisse de son ancien commandant musulman, Naser Oric, à la demande de la Serbie.
"Si Naser Oric n'est pas libéré d'ici le 30 juin, nous allons alors nous réunir de nouveau pour prendre la décision d'annuler les cérémonies prévues le 11 juillet", a déclaré mardi à l'AFP Hatidza Mehmedovic, présidente d'une association des Mères de Srebrenica.
Mme Mehmedovic a expliqué que cette décision avait été prise par le comité d'organisation des commémorations, aux cours desquelles plus de 130 victimes identifiées seront enterrées au mémorial de Srebrenica, où reposent déjà 6.241 autres.
Plus de 50.000 personnes sont attendues à cette cérémonie.
Quelques 8.000 hommes et garçons musulmans ont été tués par les forces serbes de Bosnie peu avant la fin de la guerre intercommunautaire de 1992-1995 à Srebrenica, la pire tuerie en Europe depuis la Seconde guerre mondiale. Ce massacre a été qualifié de génocide par la justice internationale.
Naser Oric, 48 ans, commandant des troupes musulmanes à Srebrenica pendant le conflit, a été arrêté le 10 juin en Suisse et placé en détention en vue de son extradition éventuelle vers la Serbie. Il est accusé de crimes de guerre commis au début du conflit contre des Serbes dans la région de Srebrenica.
Les membres du comité d'organisation ont expliqué que la commémoration serait annulée pour des raisons de sécurité. L'arrestation d'Oric a provoqué la colère des associations des familles de victimes de Srebrenica.
Depuis, la situation dans cette ville est "très tendue" entre les communautés serbe et musulmane, selon Mme Mehmedovic.
"Nous ne pourront pas garantir la sécurité (lors de la commémoration), et nous ne pouvons plus tolérer cette attitude à l'égard des victimes du génocide", a déclaré à la presse le maire musulman de Srebrenica, Camil Durakovic.
Oric avait été condamné en 2006 à deux ans de prison par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), pour ne pas avoir empêché des mauvais traitements et des meurtres à l'encontre de la population serbe à Srebrenica. Mais il a été acquitté en appel en 2008.