Dans une série de sept conclusions adoptées lundi sur le Burundi, le Conseil de l’Union européenne (UE) menace de sanctions les personnes responsables des actes de violence et de la répression dans ce petit pays africain.
Le Burundi traverse une crise grave depuis que le président Pierre Nkurunziza a été officiellement désigné, fin avril, candidat de son parti pour un troisième mandat à la tête du pays.
Dans un mouvement de contestation sans précédent, l’opposition et la société civile l’accusent de violer l’accord de paix signé en 2000, à Arusha, en Tanzanie, et la Constitution promulguée cinq ans plus tard. Les forces de l’ordre ont parfois fait usage de la force, tuant plusieurs personnes.
« Tout comme le Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits de l'Homme, l'UE exprime sa forte préoccupation quant au nombre de victimes et aux cas de violations graves des droits de l'homme depuis le début de la crise, notamment les abus attribués aux forces de sécurité et membres des Imbonerakure », indique l’organisation dans un communiqué. Les Imbonerakure, que certains Burundais n’hésitent pas à comparer aux sinistres miliciens rwandais Interahamwe qui se sont illustrés dans le génocide des Tutsis de 1994, sont l’aile-jeunesse du parti au pouvoir au Burundi, le CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie).
L’Union européenne « demande aux responsables de cesser tout acte provoquant ces violences et exhorte les autorités burundaises à faire toute la lumière sur ces évènements et à amener les responsables devant la justice ». Elle réitère qu'il ne peut y avoir d'impunité pour les personnes responsables de violations graves des droits de l'Homme, et que ces personnes doivent être tenues individuellement responsables et rendre des comptes devant la justice. Dans ce contexte, l'UE déclare attacher une importance particulière au déploiement immédiat des observateurs des droits de l'Homme et des experts militaires annoncés par l'Union africaine.
L’UE va plus loin, se disant « déterminée à adopter, le cas échéant, des mesures restrictives ciblées à l'encontre de ceux dont l'action aurait conduit ou conduirait à des actes de violence et de répression, à de graves violations des droits de l'Homme, et/ou entraverait la recherche d'une solution politique dans le cadre proposé par l'Union africaine et la Communauté d’Afrique de l’est (EAC). En plus du Burundi, l’EAC regroupe le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya.
S’agissant du calendrier électoral, l’Union européenne souligne que l’EAC et l’UA « ont clairement déclaré que des conditions propices à l'organisation des élections ne sont pas réunies actuellement ». Pour l’UE, «il est fort probable que ces conditions ne puissent pas être réunies dans les délais prévus par la constitution burundaise », d’où l’organisation « exhorte le gouvernement du Burundi à accepter la réalité de ce constat et à répondre dans les meilleurs délais aux décisions du Conseil de paix et de sécurité de l'UA par des actes concrets ».
Pressé par le sommet de chefs d’Etats de l’EAC, le président burundais a publié le 10 juin un décret fixant un nouveau calendrier électoral : initialement prévues le 26 mai et repoussées une première fois au 5 juin, les législatives ont été fixées au 29 juin tandis que la présidentielle a été reportée du 26 juin au 15 juillet.
Mais le nouveau calendrier a été rejeté par l’opposition et la société civile qui estiment que les conditions sécuritaires ne sont pas encore réunies.