« Ce n’étaient pas des gens extraordinaires. Sans pouvoirs, ils ont fait ce que ceux qui avaient des pouvoirs n’ont pas voulu faire », a expliqué à l'agence Hirondelle Joséphine Murebwayire, vice-présidente de l’Association des veuves du génocide (AVEGA).
« C’est un geste très important qui peut servir dans l’éducation de la jeunesse. Que leur héroïsme serve d’exemple aux jeunes du Rwanda et du monde entier », a renchéri, Faustin Murangwa, Secrétaire exécutif de Memos learning from history, une association de jeunes intellectuels rwandais.
Pour le Secrétaire exécutif d’Ibuka, Benoît Kaboyi, « on ne peut pas trouver de récompense pour les justes ; leurs actes n’ont pas de prix ». Kaboyi a expliqué que ces braves gens étaient considérés en 1994 comme « des traîtres » au sein de leur communauté. Cette manifestation était organisée avec l’appui financier et technique de l’Institut recherches sociales de Hambourg.
Trois de ces justes, dont Gratien Mitsindo, pasteur de l’église de Pentecôte à Bicumbi (est du pays), ont témoigné de leur expérience. Dans un récit très émouvant, l’homme d’église a raconté sa confrontation en avril 1994 avec une centaine de tueurs venus à l’assaut de son église où s’étaient retranchées plus de 300 personnes. «Vous êtes à la recherche de gens à tuer et bien commencez par moi », leur a-t-il lancé. A plusieurs reprises, a confirmé une rescapée présente dans la salle, le pasteur hutu s’est ainsi opposé à l’attaque de son église. Mais comme les assaillants ne désarmaient pas, il a fait sortir les réfugiés de l’église pour les répartir dans des maisons autour de l’édifice religieux.
« Grâce aux contributions en vivres de la part des fidèles, je pouvais leur porter à manger », a raconté Mitsindo. « Ceux qui n’ont rien fait alors qu’ils le pouvaient devraient se repentir. Je n’avais ni force ni arme. C’est Dieu qui s’est tenu à mes côtés. Ma récompense se trouve au Ciel », a ajouté le pasteur.
Joséphine Dusabimana, une femme de Kibuye, a sauvé plusieurs personnes, les aidant à gagner l’île Idjwi, dans le lac Kivu, parfois contre la volonté de son mari. C'est également le cas de Silas Ntamfurigirishyari, un caporal de l’ancienne armée rwandaise, qui, à l’insu de son commandement, a aidé plusieurs Tutsis de la région de Bugesera (est du pays), à se réfugier au Burundi voisin.
Au terme de la cérémonie, il a été recommandé au gouvernement rwandais de continuer à inventorier les justes et à reconnaître leur mérite. Déja, quelques autres héros du génocide avaient été officiellement reconnus par le gouvernement ou par Ibuka.
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