La Suisse a autorisé jeudi l'extradition vers la Bosnie-Herzégovine, et non vers la Serbie, de Naser Oric, ex-commandant des troupes musulmanes de Srebrenica pendant la guerre intercommunautaire de 1992-95, recherché par les deux pays pour crimes de guerre.
"L'Office fédéral de la justice (OFJ) a autorisé aujourd'hui, dans le cadre d'une procédure simplifiée, l'extradition de Naser Oric vers la Bosnie-Herzégovine", a-t-il annoncé dans un communiqué.
La date de la remise de M. Oric est tenue secrète pour des raisons liées à la sécurité et à la protection de la personnalité.
Naser Oric, ancien commandant des forces armées bosniaques musulmanes stationnées dans la région de Srebrenica, avait été arrêté le 10 juin à Thonex, dans le canton de Genève en Suisse, sur ordre de l'OFJ.
Il avait alors été placé en détention en vue de son extradition vers la Serbie, qui le soupçonne de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
M. Oric s'étant opposé à son extradition au cours de son audition, l'OFJ a demandé au ministère de la justice serbe de lui remettre une demande formelle d'extradition: un document que les autorités suisses ont reçu le 22 juin.
Mais "dans l'intervalle", explique Berne, le ministère de la justice de Bosnie-Herzégovine a également demandé l'extradition de M. Oric, pour pouvoir poursuivre une procédure pénale ouverte à son encontre pour crimes de guerre contre la population civile.
Auditionné le 25 juin, M. Oric a accepté d'être extradé vers la Bosnie-Herzégovine. "Cela a permis à l'OFJ d'autoriser immédiatement son extradition, dans une procédure simplifiée", explique le ministère.
L'OFJ souligne que "s'il a pu prendre sa décision aussi rapidement, c'est aussi parce que la seconde demande d'extradition l'emportait sur la première, selon les critères de la convention européenne d'extradition" car "les actes fondant les deux demandes d'extradition ont été commis en Bosnie et Herzégovine et M. Oric est ressortissant de ce pays".
Quelques 8.000 hommes et garçons musulmans ont été tués par les forces serbes de Bosnie peu avant la fin de la guerre intercommunautaire de 1992-1995 à Srebrenica, la pire tuerie en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce massacre a été qualifié de génocide par la justice internationale.
Naser Oric, 48 ans, avait été condamné en 2006 à deux ans de prison par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), pour ne pas avoir empêché des mauvais traitements et des meurtres à l'encontre de la population serbe à Srebrenica. Mais il a été acquitté en appel en 2008.