Le dossier que la police de Kirehe (60 km environ à l’est de Kibungo) a transmis au parquet évoque une « tentative d’assassinat contre Mme Chantal Nibagwire, violation du domicile et destruction » de biens.
« Le 2 février 2008, M.Dushimimana s’est rendu au domicile de Mme Chantal Nibagwire armé d’une houe, apparemment dans l’intention de la tuer. Celle-ci a appelé au secours et le jeune homme a fui. Ce n’est que le 18 février que nous avons pu l’arrêter alors qu’il se trouvait à son école », a déclaré à l’agence Hirondelle une source policière locale.
L’objet du litige consisterait en une maison que le Fonds d’assistance aux rescapés du génocide (FARG) a construite pour Dushimimana, et que Nibagwire occuperait illégalement aujourd’hui, selon Etienne Makuza, parajuriste local d’Ibuka, la principale association de rescapés du génocide de 1994.
En 2004, le district de Kirehe a loué cette maison pour y héberger Nibagwire, menacée en raison de ses témoignages contre des suspects de génocide dont son propre mari. Le district a ultérieurement décidé de restituer la maison à son propriétaire mais Nibagwire ne l’a jamais libérée, selon Makuza.
L’information a été confirmée par le vice maire de Kirehe en charge des affaires sociales, Bernadette Kamuntu, qui explique que les décisions du district doivent être respectées.
« Pourquoi aurais-je fui puisque je ne me reprochais rien ? Et puis, il n’y avait aucune interdiction à ce que j’aille chez moi pour réparer la cuisine qui se détériorait sans que Chantal réagisse. Je suis allé à l’école, APAPEN, le 7 février et on m’a arrêté le 18 du même mois, le temps que Nibagwire et la police montent leur plan », a déclaré à l’Agence Hirondelle Dushimimana, dans sa prison de Kibungo.
Pour les responsables locaux d’Ibuka, Dushimimana est en prison uniquement parce que Nibagwire occupe sa maison avec la bénédiction du district, qui ne veut pas payer deux ans de loyer.
« Pendant que la justice fait son travail, nous demandons d’expulser Nibagwire de cette maison, pour qu’à son acquittement, cet enfant ait un abri », a écrit le 4 mars 2008 Elisabeth Muzalirehe, présidente d’Ibuka à Kirehe, au maire du district.
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