Selon l’acte d’accusation, Monsieur Nsengiyumva aurait infligé un traitement indigne à la dépouille de son frère Justin Munyangabe tué en Avril 1994 en plantant, début 1995, un plant de bananier sur sa tombe.
Saisie de l’affaire, la juridiction Gacaca de Secteur l'avait condamné en août 2007. La peine a été confirmée en appel en novembre de la même année, explique Faustin Dusabe, le Président de la juridiction d’appel du même secteur. Sa femme a demandé une révision de ces jugements.
Mais selon le président local d’Ibuka, principale association de rescapés, qui se trouve être un voisin de l'accusé : "ce procès a commencé et été mené sur fond de règlement de comptes et nous l’avons décrié tout au long des débats ». L'un des tueurs de Munyagambe, Marc Nkurikiye, confirme : « quand nous l’avons enterré les bananiers étaient déjà là, tout comme ils y sont restés quand nous l’avons exhumé». Laurent Kigombe, un militaire qui a aidé à l’exhumation confirme : «nous n’avons touché à rien, même pas aux bananiers ».
Jean Karahamuheto donne un autre argument en faveur de l’accusé. « J’ai dit devant la juridiction que le bananier avait été planté en 1988, 6 ans avant le génocide. C’est moi-même qui en ai donné le plant à Nsengiyumva, mais ils ont gardé la sourde oreille à ce témoignage», a-t-il précisé à l’Agence.
« La juridiction a cédé devant le nombre imposant des témoins de l’accusation : 108 en tout contre une dizaine pour la défense. Et tous confirmaient le bananier planté sur la tombe », indique le président de la juridiction.
Selon Thérèse Bazubagira, juge gacaca dans la juridiction de Gitega dans le secteur de Kigali, le président de la juridiction d'appel aurait reconnu auprès d'elle, comme auprès de la responsavle nationale des gacacas que « le procès de Nsengiyumva n’a pas été juste et équitable ».
Dans une note du 22 avril dernier, l’autorité de la cellule Kigusa déclare : « le rescapé Nsengiyumva a été condamné injustement, ses détracteurs sont les tueurs mêmes de sa famille et les pilleurs de ses biens qui procèdent à un règlement de comptes. Nous demandons qu’il soit réhabilité ».
Spéciose Mukamusoni, la femme de Nsengiyuma, reste confiante en la justice. "Sûrement que notre demande en révision, déposée le 2 fevrier dernier nous donnera raison, dit-elle dans un soupir. Et l’autorité nationale des Gacaca avait promis d’intervenir au mois de Mars ! », conclut-elle dans un geste vague.
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