22.08.08 - RWANDA/GACACA - L'ARMEE ENTRAINAIT LES MILICIENS, SELON UN ACCUSE

Kigali, 22 août 2008 (FH) - Le Ministère rwandais de la Défense organisait lui-même et supervisait l'entraînement des miliciens Interahamwe, a affirmé un accusé jugé la semaine dernière devant le tribunal gacaca de Cyivugiza, un quartier de Kigali.

2 min 8Temps de lecture approximatif

« Dans notre secteur de Nyamirambo, il y avait deux centres d'entraînement. Au centre scolaire de Cyivugiza, c'était uniquement pour notre secteur, tandis qu'au Stade Régional de Nyamirambo, c'était les communes Nyarugenge et Butamwa. Tout l'entraînement était supervisé par un capitaine de l'armée, avec des vétérans comme instructeurs », a expliqué Célestin Sezibera dont le jugement doit se poursuivre dimanche.

Agé de 53 ans, conseiller du secteur de Nyamirambo avant et pendant le génocide des Tutsi de 1994, il est accusé de crimes de génocide et crimes contre l'humanité et jugé dans la 1ère catégorie des planificateurs du génocide. Son acte d'accustion évoque des "réunions de planification, de sensibilisation et d'organisation du génocide, distribution des armes du génocide, supervision du comité de crise, listing des survivants à traquer et de l'assassinat de tous les tutsi de Nyamirambo ».

Plaidant non coupable pour tous ces chefs d'accusation, l'accusé reconnaît néanmoins la distribution de quelques fusils. « Au cours de la réunion du 16 avril 1994, dirigée par le Préfet Renzaho, il a été question de l'érection et de l'état des lieux des barrages, mais aussi de la distribution des armes. Le Ministère de la défense m'a alors remis 10 fusils que j'ai distribué aux responsables de cellule. Par la suite, personne ne m'a fait rapport de leur usage, mais j'ai su que c'était pour tuer les tutsi », a expliqué Sezibera.

Jugé inefficace, «le préfet Renzaho m'a écrit une lettre de limogeage, le 29/4/1994, et a procédé à mon remplacement, sans informer même le bourgmestre qui était mon chef direct. Mes subalternes avaient déjà commencé à me manquer d'égards et à faire ce qu'ils voulaient », a raconté l'accusé pour tenter d'expliquer comment il n'avait pas pu preter assistance aux Tutsi pendant le génocide.

Le seul témoin de l'accusation, un homme d'Eglise, a affirmé que Sezibera était à la tête des expéditions qui ont tué des Tutsi autour du monastère des Frères Josephites à Nyamirambo.

« Pourtant il y a des gens qui étaient là au moment des faits, même avec des responsabilités hier et aujourd'hui ! Ils ne sont pas là et personne ne propose de les convoquer...Peur de se compromettre ? Les gens sont las de gacaca ? La justice attendue s'est estompée par force amendements de la loi sur les Gacaca ? Rien à exclure pour expliquer le manque de participation de la population ! », a commenté, en aparté, un juge « Inyangamugayo » à l'Agence.

SRE/PB/GF

© Agence Hirondelle