03.09.08 - RWANDA/JUSTICE - L'ASSASSINAT DES RELIGIEUX ETAIT UNE OPERATION DE REPRESAILLES

Kigali, 3 septembre 2008 (FH) - Le comportement des religieux et leur collaboration avec les planificateurs et les auteurs du génocide ont poussé certains soldats du 157ème bataillon de l'armée patriotique rwandaise à exercer des représailles contre eux, a affirmé la défense lors de la reprise mardi du procès des militaires du FPR accusés d'avoir assassiné 14 religieux dont 4 évêques à Gitarama en juin 1994.

2 min 36Temps de lecture approximatif

« Le comportement de certains hommes d'Eglise et leur collaboration avec les génocidaires ont poussé le soldat Fred Nyagatare à convaincre ses camarades de faire des représailles contre ces derniers pour venger sa famille décimée pendant le génocide de 1994 », a déclaré Me Charles Gakuba Shema, en présentant un seul témoin de la défense

Le témoin en question, réfugié à Kabgayi jusqu'au 2 juin 1994 a affirmé qu'il avait vu des Tutsis mourir sous le regard encourageant des responsables religieux. « A l'adresse des Frères Tutsis sur le point d'être assassinés, Mgr Thaddée Nsengiyumva a dit ‘Courage ! Si vous mourez, vous allez aller directement au ciel' ! Et je vois toujours l'Archevêque Vincent Nsengiyumva, avec un fusil, dans sa voiture marquée « MRND », a expliqué le témoin.

Le Général de Brigade Wilson Gumisiriza et le Major Wilson Ukwishaka, les capitaines John Butera et Dieudonné Rukeba sont accusés d'avoir assassiné, le 5 juin 1994, 15 hommes d'Eglise, dont l'Archevêque Vincent Nsengiyumva, à Gakurazo, dans l'ancienne commune de Mukingi, tandis qu'ils évoluaient au sein du 157 ème Bataillon de l'Armée Patriotique Rwandaise (APR). Si le Général Gumisiriza et le Major Ukwishaka plaident non-coupables, les capitaines Rukeba et Butera reconnaissent, quant à eux, leur responsabilité dans « l'escadron de la mort ».

Mardi, lors de l'audition des témoins, ceux du Procureur, au nombre de 4, présentés dans l'intention de prouver qu'il y avait toujours lieu de prévenir ce crime, ont tous montré que rien auparavant ne présageait un tel incident.

Le soldat Janvier Murenzi et Madame Jocelyne Uwurukundo, surpris dans la salle avec les victimes, ont parlé d'une réunion de briefing sur la situation sécuritaire à laquelle les tueurs ont mis fin. Le frère économe, Ambroise Kabagema, a, quant à lui, affirmé que chaque fois qu'il y avait de nouveaux réfugiés, il y avait toujours des réunions de briefing.

Surprise par les rafales, une patrouille, dont faisait partie Jean Pierre Murobafi et qui faisait la ronde autour du monastère, a mené une intervention rapide et un des tueurs, Eugène Kabandana, est mort sur le champ, selon ce témoin. « Deux choses m'ont surpris ce soir là: pris pour l'ennemi que nous combattions, un camarade est tombé sous nos balles ; mais pire encore, des camarades ont tué des religieux que nous étions tous chargés de protéger », a indiqué Murobafi au cours du contre interrogatoire.

D'après tous ces témoins, le Major Ukwishaka, quelques heures après, et le Général Gumisiriza, le lendemain, ont tenu des réunions de « mise au point de confiance » et commencé l'enquête. « Fred Nyagatare, l'instigateur du crime, est mort plus tard sur le champ de bataille », a confié à l'Agence le témoin Murobafi.

La prochaine audience a été fixée 10 septembre pour l'audition d'autres témoins de la défense dont « nous attendons des preuves pour fournir des circonstances atténuantes à nos clients », a indiqué à la Cour Me Shema.

SRE/PB/GF

© Agence Hirondelle