La marine israélienne a empêché lundi une flottille transportant des militants propalestiniens de briser le blocus sur la bande de Gaza, mais sans violence, contrairement à 2010 où dix Turcs avaient péri dans un assaut des forces israéliennes.
Trois navires de la "Flottille de la liberté III" sont repartis vers des ports grecs, tandis que le quatrième, le Marianne, a été intercepté par la marine israélienne qui l'a escorté vers le port d'Ashdod, au nord de l'enclave palestinienne.
Le chalutier suédois, fouillé et inspecté dans les eaux internationales, y a accosté, entouré de plusieurs navires israéliens, vers 18H30 GMT, après la tombée de la nuit, selon un photographe de l'AFP.
Plus de 50 personnes se trouvaient à bord des quatre bateaux, dont le député arabe israélien Bassel Ghattas -sur le Marianne-, l'ancien président tunisien Moncef Marzouki et des députés de pays européens et arabes.
Les militants entendaient dénoncer le blocus "inhumain et illégal" imposé par Israël à la bande de Gaza depuis 2006.
Les autorités israéliennes, récemment montées au créneau face aux campagnes internationales de boycott qui s'intensifient, n'avaient cessé ces derniers jours de dénoncer les objectifs de la flottille.
Lundi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a encore estimé qu'elle n'était "rien d'autre qu'une démonstration d'hypocrisie et de mensonges", accusant la flottille d'"aider l'organisation terroriste Hamas", dans un communiqué de félicitations aux forces ayant bloqué les navires.
Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, a qualifié les agissements d'Israël d'"acte de piraterie", exhortant "la communauté internationale à sortir de son silence" face à cette "violation du droit international".
- 'Conscience de l'Humanité' -
Avant de rebrousser chemin, les passagers des autres bateaux ont affirmé dans un communiqué ne pas renoncer à leur "destination: la conscience de l'Humanité", appelant "une nouvelle fois le gouvernement d'Israël à lever le blocus de Gaza".
Ce blocus, terrestre, aérien et maritime, a été imposé par Israël à la bande de Gaza après l'enlèvement par le Hamas d'un de ses soldats en juin 2006 puis renforcé lors de la prise du pouvoir du mouvement islamiste un an plus tard.
Concrètement, il signifie qu'il est impossible de pénétrer dans les eaux gazaouies ou, pour les bateaux de Gaza, de s'éloigner de plus de six miles nautiques des côtes sous peine d'essuyer des tirs israéliens.
Quant aux passages terrestres, tous contrôlés par Israël, à l'exception de Rafah que l'Egypte n'ouvre qu'au compte-gouttes, les contrôles y sont si drastiques que très peu parmi les 1,8 million de Gazaouis parviennent à quitter leur enclave exiguë et surpeuplée.
Les matériaux de construction se font toujours attendre dans ce territoire ravagé il y a un an par une offensive israélienne qui a fait près de 2.200 morts et laissé 100.000 Palestiniens sans abri.
- Economie quasi-effondrée -
Alors qu'avant ce blocus, des milliers de Gazaouis travaillaient en Israël, le chômage atteint désormais des sommets: 44% --le taux probablement le plus élevé au monde, selon la Banque mondiale.
En outre, le blocus a signé la disparition virtuelle des exportations de Gaza et fait chuter son PIB de plus de 50%, d'après la Banque mondiale qui a tiré la sonnette d'alarme, mettant en garde contre un effondrement total de l'économie du territoire où 39% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Mais pour le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon, qui jure qu'"aucun siège n'est imposé à Gaza", les militants de la flottille mènent une "campagne visant à délégitimer Israël" et leur expédition "n'a aucun but humanitaire".
La flottille entendait capitaliser sur le contexte actuel, alors qu'Israël fait face à des appels au boycott et des pressions internationales, et que l'ONU vient d'accuser l'Etat hébreu, tout comme les groupes armés palestiniens, de possibles crimes de guerre durant le conflit à Gaza il y a un an.
Des militants propalestiniens avaient à plusieurs reprises tenté de briser le blocus par la Méditerranée.
Le 31 mai 2010, des commandos israéliens avaient donné l'assaut dans les eaux internationales sur six navires civils, dont le Mavi Marmara, acheminant de l'aide humanitaire à Gaza. Dix Turcs avaient été tués, provoquant une grave crise entre Israël et la Turquie.