Sagahutu commandait pendant le génocide perpétré contre les Tutsis en 1994 un escadron du bataillon de reconnaissance. Son ancien supérieur immédiat, le major François - Xavier Nzuwonemeye, qui était à la tête de cette unité d'élite, a quitté le box des témoins mercredi soir, au terme de 3 jours de déposition pour sa propre défense.
Les deux hommes sont jugés avec l'ex- chef d'Etat-major de l'armée, le général Augustin Bizimungu et avec l'ancien patron de la gendarmerie nationale, le général Augustin Ndindiliyimana.
Accusés de crimes de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, les quatre officiers plaident non coupables.
Ils sont poursuivis non seulement pour des actes qu'ils auraient posés en personne mais aussi pour des crimes commis par des leurs hommes. « Ils savaient ou avaient des raisons de savoir » que leurs subalternes « étaient sur le point de commettre ou étaient en train de commettre » des crimes mais n'ont rien fait pour les en empêcher, les arrêter ou les punir, soutient le procureur.
Les trois officiers qui ont déjà terminé leur défense n'ont pas cherché à nier que des éléments de l'armée et de la gendarmerie aient trempé dans les massacres.
Ils ont en revanche plaidé qu'ils ne pouvaient prévenir les crimes ni sévir car ils n'en étaient pas informés.
Ce procès, sans doute l'un des plus importants de l'histoire du TPIR, a débuté en septembre 2004.
Plus importante encore est l'affaire « Militaires I » dans laquelle est jugé l'accusé phare du TPIR, l'ex- directeur de cabinet au ministère de la Défense, le colonel Théoneste Bagosora présenté par l'accusation comme « le cerveau » du génocide. En délibéré depuis déjà plus de 2 ans, le verdict dans ce procès pourrait tomber avant la fin de l'année, selon les prévisions du tribunal.
La gravité des faits reprochés à Bagosora fait souvent oublier ses trois co- accusés : le général Gratien Kabiligi, chef des opérations militaires pendant le génocide, le lieutenant- colonel Anatole Nsengiyumva, ancien commandant des opérations dans le secteur de Gisenyi (nord) et le major Aloys Ntabakuze qui commandait l'unique bataillon paracommando de l'armée rwandaise de l'époque.
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