Transféré d'Allemagne mercredi, Ngirabatware, 51 ans, répond de 10 chefs d'accusation, 4 concernant le génocide, 4 pour crimes contre l'humanité et 2 pour violations des conventions de Genève.
Elégamment vétu d'un cortume bleu assorti d'une cravate à pois, il a été très poli avec le président qui l'interrogeait sur chaque chef d'accusation : "Je vous remercie, Monsieur le président, je plaide non coupable". La lecture de son acte d'accusation a duré plus de deux heures.
Selon ce texte il aurait, lors d'un discours tenu en mars 1994, dans sa région natale de Gisenyi, déclaré que « l'ennemi de ce pays est le Tutsi ». Ces propos auraient été rediffusés le lendemain sur les ondes de la Radio libre des mille collines (RTLM), connue pour ses appels à la haine contre les Tutsis et dont deux fondateurs ont été condamnés par le TPIR.
Le procureur allègue par ailleurs que Ngirabatware « a acheminé vers le MRND (Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement, du président Juvénal Habyarimana) des fonds de son département » utilisés, ensuite, pour l'achat d'armes aux miliciens Interahamwe, principaux bras armés du génocide.
Le procureur insiste sur le fait que Ngirabatware est gendre de l'argentier présumé du génocide, Félicien Kabuga, toujours recherché par le TPIR.
La lecture de cet acte d'accusation qui balaye le déroulement du génocide sur presque tout le territoire rwandais et dans lequel se retrouvent la plupart des personnalités inculpées par le TPIR, dont des acquittés, des condamnés et des accusés encore en jugement, a duré plus de deux heures.
Ce texte daté de 1999 est signé du Camerounais Bernard Muna, ex- procureur adjoint du TPIR.
Après le plaidoyer de non-culpabilité de l'ex-ministre, le juge Joseph Asoka de Silva a donné instruction au greffe de fixer la date du démarrage des débats sur le fond.
Docteur en sciences économiques de l'Université de Fribourg (Suisse), l'ex-ministre a été, dans son pays, enseignant à l'Université Nationale du Rwanda (1986-1994), puis ministre du Plan (1990-1994).
Après son départ en exil en juillet 1994, il a travaillé dans différents instituts de recherche au Gabon et en France.
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