Six militaires colombiens, dont deux sergents, ont été condamnés à 34 ans de prison pour l'exécution extrajudiciaire d'un civil afin de le présenter comme un guérillero mort au combat.
Ces deux sergents et quatre soldats, membres d'un bataillon anti-guérilla, ont été condamnés pour "homicide" ainsi que pour "fabrication, trafic ou port d'armes à feu de défense à usage des forces armées", a indiqué mardi un communiqué du parquet.
Wilfrido Chantrix Quiroz a été tué le 21 octobre 2003 au cours d'un "prétendu accrochage avec des membres des guérillas des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et de l'ELN (Armée de libération nationale)", dans la localité de Agustin Codazzi, dans le province de Cesar (nord).
La victime était en réalité "un humble recycleur de Codazzi souffrant de problème mentaux qui la nuit des faits se trouvait chez lui, n'avait aucun lien avec des groupes rebelles et n'avait jamais porté d'arme à feu", poursuit le communiqué.
Paradoxalement, l'un des sergents condamnés, José de Jesus Rueda, est "chargé des droits de l'homme au sein du bataillon Nouvelle Grenade", basé dans la ville de Barrancabermeja (nord-est).
Selon l'ONG Human Rights Watch (HRW), le parquet colombien enquête sur plus de 3.000 cas similaires, connus sous le nom de "faux positifs", des anonymes abattus par l'armée pour les faire passer pour des guérilleros tués dans des combats afin d'obtenir promotions, décorations et prébendes.
En mai, le vice-procureur de la Cour pénale internationale (CPI), James Stewart, avait exprimé sa "préoccupation" face à ces cas d'atteintes aux droits de l'homme car les procès, qui ont conduit à 817 condamnations de militaires, ne s'étaient pas concentrés sur "les personnes qui pourraient avoir les plus grandes responsabilités (dans ces actes) parmi la hiérarchie" de l'armée.
La Colombie est le théâtre depuis plus d'un demi-siècle d'un conflit opposant guérillas d'extrême-gauche, forces armées et milices d'extrême-droite ayant fait 220.000 morts et plus de cinq millions de déplacés.